« Nous sommes les oiseaux de la tempête qui est là »  le 31 décembre 2022

« Pour nous, les luttes ne sont pas un environnement douillet, une toile de fond destinée à mettre nos idées en valeur, elles sont le problème. Et si nous n’y sommes jamais complètement chez nous, même quand nous y participons, c’est que dans cette société il n’y a pas de place pour le communisme. Les questions que nous posons aux luttes telles qu’elles sont, nous les posons du point de vue du dépassement et de la rupture, du point de vue de ce qui craque, du point de vue des tensions et des déchirements, et ça n’est jamais confortable.» Carbureblog
****************************************************************

IRAN

« Au moins 100 détenus identifiés par Iran Human Rights, basé à Oslo, risquent la peine capitale, dont au moins 11 déjà condamnés à mort

« En prononçant des condamnations à mort et en exécutant certains d’entre eux, [les autorités] veulent faire rentrer les gens chez eux », a déclaré le directeur de l’IHR, Mahmood Amiry-Moghaddam.

« Cela a un certain effet… [mais] ce que nous avons observé en général, c’est plus de colère contre les autorités. Leur stratégie de semer la peur par les exécutions a échoué. »

Dans un bilan mis à jour publié mardi, IHR a déclaré que 476 manifestants avaient été tués depuis le début des manifestations. »

https://www.theguardian.com/world/2022/dec/28/dozens-of-iran-protesters-facing-charges-punishable-by-death-rights-group


image.png

POLICE ET FORCES DE SÉCURITÉ DEVANT LES USINES

« Dans les secteurs ouvriers, cependant, la participation a été plus importante, les travailleurs des raffineries, qu’il s’agisse des employés directs ou externes et des industries connexes, étant à l’avant-garde. Ainsi, l’arrêt de travail appelé dans les raffineries pour le 24/12 a été bloqué par une lourde opération policière contre les travailleurs, comme décrit dans l’appel ci-dessous. »

« Comme nous l’avions signalé, les collègues des tiers (c’est-à-dire des entreprises externes – ndlr) avaient appelé à une manifestation et à une grève pour le troisième jour de janvier (ndlr) en raison de leurs problèmes de travail et de subsistance dans plusieurs phases de la raffinerie (par phase, nous entendons une expansion ultérieure de la raffinerie à partir de l’usine de base qui est entrée en production – ndlr).

En réponse à cet appel, samedi matin dernier, les collègues se préparaient à tenir leur rassemblement lorsqu’ils ont été bloqués par les forces de sécurité.

Selon le rapport reçu, à Asaluyeh, à partir de 7h15 le 3 janvier (24/12), des véhicules de police, des forces en civil et un grand nombre de voitures avec des plaques d’immatriculation personnelles avec des numéros non locaux étaient stationnés sur la place Cactus, de sorte que tous les quelques mètres de la porte d’entrée une voiture de police était stationnée. Les principales forces de South Pars sont stationnées autour de Cactus Square et, grâce à cette présence, elles empêchent les travailleurs de se rassembler.

Selon les rapports, un certain nombre de collègues manifestants ont été arrêtés par les agents de sécurité dès qu’ils se sont présentés au rassemblement. Nous n’avons pas encore reçu de nouvelles sur le nombre et les noms des collègues détenus.

Ces aspects de la mobilisation des forces pour faire face aux travailleurs montrent la crainte des autorités et du gouvernement face au rassemblement et à la protestation des travailleurs.

En ce moment, l’atmosphère dans les raffineries de South Pars est agitée et les travailleurs en colère contre ces menaces insistent sur la libération immédiate de leurs collègues arrêtés et sur le suivi de leurs revendications et protestations.

Le Conseil d’organisation des manifestations des entreprises du pétrole condamne fermement les attaques contre les collègues tiers et ces arrestations, et soutient leurs luttes et leurs revendications.

Les entrepreneurs voleurs et pilleurs doivent être écartés, et c’est la demande nationale de tous les travailleurs du pétrole.

Les forces répressives doivent être supprimées et la présence policière sur le lieu de travail doit être arrêtée.

Il est urgent de répondre aux demandes de ces collègues.

Unissons-nous et luttons pour la libération immédiate et inconditionnelle de nos collègues

 25/12/2022 https://t.me/shoranaft »

Traduit avec DeepL.

Nouvelles du 16 au 24 décembre 2022

informations MISES A JOUR QUOTIDIENNEMENT OU PRESQUE et transmises directement par des camarades de l’intérieur de l’Iran via d’autres, réfugié.e.s en France

 extraits

« –Ces jours-ci, nous sommes face à une calme relative avant la tempête que tout le monde attend.  Les protestations, les rassemblements et les manifestations continuent surtout en fonction des journées de deuil du troisième, septième et quarantième jour de la mort des victimes de la révolution. Ainsi on a vu des rassemblements de protestation dans les cimetières de différents villes et villages où le corps des personnes ont été inhumés.

Il est assez rare que pendant la période de froid, il existe des protestations populaires et que les gens soient dans la rue; on a vu une telle chose uniquement pendant l’insurrection de 79 où la vague de protestation ne s’est pas arrêtée et a continué jusqu’à la chute du régime du Shah en février.

Personne ne peut dire aujourd’hui si nous sommes dans une période d’essoufflement du mouvement ou c’est le calme avant la tempête. Seul l’avenir nous le dira…

Désobéissance civile

-A côté des protestations et les diverses formes qu’elles prennent, nous observons 2 autres qui sont apparues ces dernières semaines:

-Campagne de non-paiement des factures d’électricité

On ne connaît pas encore l’ampleur de ce mouvement surtout qu’avec le commencement de l’hiver et l’augmentation générale des prix, beaucoup de foyers sont absolument dans l’incapacité de régler leurs factures.

-le retrait de l’argent liquide des comptes bancaires. Une forme de lutte qui pourtant au-delà d’un certain niveau, a plusieurs fois démontré son inefficacité. Ça pourrait momentanément créer des difficultés pour le système bancaire, mais ça reste tout à fait symbolique car une part très limitée des avoirs se trouve sous forme de billets de banque et de monnaie. Au moment des gilets jaunes, Cantona avait lancé l’idée avec le succès que l’on sait.

Néanmoins, il a suffi que cette idée soit lancée dans la population pour que le gouvernement demande aux banques de monter leur taux d’intérêt. »

Habib

24/12/02
********************************************************************************************
RUSSIE

« Une nouvelle vague de mobilisation »

« Je sais pertinemment qu’il vous reste environ une semaine avant d’avoir encore le choix », a déclaré M. Reznikov, s’exprimant en russe. « Début janvier, les autorités russes fermeront les frontières aux hommes, déclareront la loi martiale et entameront une nouvelle vague de mobilisation. Les frontières seront également fermées en Biélorussie », a-t-il déclaré…

Reznikov a également tenu à dire que cette dernière vague de conscription « concerne les habitants des grandes villes russes ». Moscou et Saint-Pétersbourg ont été largement à l’abri des campagnes de mobilisation du Kremlintandis que les minorités ethniques d’autres régions russes ont été appelées de manière disproportionnée, explique le journal en ligne ukrainien Kyiv Independant. »

https://www.lemonde.fr/international/live/2022/12/31/guerre-en-ukraine-une-nouvelle-vague-de-mobilisation-en-russie-dans-une-semaine-previent-le-ministre-de-la-defense-ukrainien_6156162_3210.html

*******************************************************************************************

UKRAINE

« le nouvel eldorado » ?

Tirer parti de la guerre

« Dans cette course à qui gagnera le plus de milliards, le capitalisme français veut sa part du gâteau. Lui qui était, avant la guerre, le premier employeur étranger en Ukraine – 30 000 personnes –, très présent dans les secteurs de l’agrobusiness avec des entreprises comme Danone ou Mas Seeds, de la finance avec BNP Paribas et Crédit agricole, des infrastructures numériques via Schneider Electric ou Nexans, et même de la grande distribution avec Decathlon.

Impossible, dès lors, de ne pas se mêler à la lutte. « Ma conviction, c’est qu’il y a des opportunités [pour les entreprises françaises en Ukraine – ndlr], y compris pour des moyennes et petites entreprises », a lancé Patrick Martin, le président délégué du Mouvement des entreprises de France (Medef) lors de cette même conférence organisée à Bercy. « C’est l’occasion […] – pardon de l’expression horriblement provocatrice – de “tirer parti” de ce qui s’est produit », a-t-il osé.

Pour lui, les opportunités d’affaires en Ukraine sont nombreuses et « clairement identifiées » : « pour des raisons malheureusement évidentes, dans le domaine des infrastructures de transports », mais aussi des « infrastructures digitales, car il y a un vrai savoir-faire dans le numérique en Ukraine ». Également « dans le domaine de la santé, de l’agroalimentaire, l’Ukraine ayant une capacité de production agricole remarquable ». Et enfin dans « l’énergie », « la sidérurgie » et « la ville durable ». Rien que ça ! À écouter les intervenants de cette conférence, on aurait pu croire que l’Ukraine était devenue un eldorado économique et que la guerre était finie.  

Réformes structurelles

Pour l’instant, « la France a investi l’équivalent d’un milliard de dollars en Ukraine », expliquait Sergiy Tsivkach. Mais, selon lui, « ce n’est pas suffisant, nous pourrions cibler entre 3 et 5 milliards d’euros sur la période 2023-2025 […] afin de reconstruire une nouvelle Ukraine, une Ukraine 2.0 (sic) ». Un constat partagé par Patrick Martin.

Toutefois, le président délégué du Medef a posé une condition à l’investissement des entreprises françaises en Ukraine : que le gouvernement de Volodymyr Zelensky poursuive ses réformes structurelles. « Il est important que la situation dramatique que traverse l’Ukraine avec l’invasion russe ne vienne pas stopper ses avancées sur les cadres réglementaires et normatifs, qui sont importants pour les entreprises appelées à s’y implanter », a-t-il demandé. Un certain sens des priorités !

C’est peu dire que le message est passé : les officiels ukrainiens présents à Bercy ont montré patte blanche, faisant tout pour convaincre de leur engagement pro-business. Rostyslav Shurma, le chef adjoint du bureau du président ukrainien, a rappelé aux patrons français qu’« en Ukraine, le coût de conversion – composé de la main-d’œuvre et de la fabrication – est bas dans le secteur manufacturier, et les ingénieurs sont bien formés ».

« Il y a beaucoup de projets très profitables en Ukraine, avec un retour sur investissement rapide, que vous investissiez durant ou après la guerre », a surenchéri Sergiy Tsivkach. Il en voulait pour exemple certains projets promettant des taux de retour sur investissement mirobolants, allant jusqu’à 35 % dans l’agrobusiness. À titre de comparaison, sur les quinze dernières années, la moyenne des taux de rendement des projets du capital investissement français est de 12,2 %.

Le directeur général de UkraineInvest a aussi promis que les entreprises françaises bénéficieraient d’un traitement fiscal favorable : « Depuis 2021, nous mettons en œuvre des incitations à l’investissement, avec notamment une baisse de la fiscalité sur les bénéfices et la cession des terrains à titre gratuit. »

Autre argument qui a dû plaire au sein du Medef : l’Ukraine flexibilise son marché du travail, via une « réglementation des relations au travail pendant la loi martiale », votée le 15 mars dernier, et surtout le projet de loi 5371 « visant à simplifier la réglementation des relations de travail dans les petites et moyennes entreprises et à réduire les charges administratives ».

En somme, espère Rostyslav Shurma, l’Ukraine pourrait devenir, à la place de la Chine, le nouvel eldorado pour les délocalisations des multinationales européennes.

Un plan Marshall obsolète

Mais ce discours angélique des élites politico-économiques, décrivant un redressement spectaculaire de l’économie ukrainienne à moyen terme, a tout du miroir aux alouettes. D’abord parce que la guerre est loin d’être finie sur le sol ukrainien. « On ne peut pas dire que le cadre macroéconomique en Ukraine soit stabilisé à ce jour », a concédé Patrick Martin. Et surtout parce que les séquelles pour l’Ukraine risquent d’être durables.

Dans une tribune de Politico, Mat Whatley, vétéran de l’armée britannique et ancien chef de l’organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Donetsk, rappelait, pragmatique, qu’un nouveau « plan Marshall » pour l’Ukraine ne fonctionnerait tout simplement pas. Pourquoi ? Car, selon lui, « il existe une différence cruciale entre 1945 et aujourd’hui : des mines terrestres sont éparpillées sur de vastes étendues en Ukraine ».

Or ces mines, qui pourraient exploser à tout moment, « posent des défis quasi insurmontables à la relance de la production agricole, des processus industriels et du réseau de transport ukrainien », estime-t-il. « Et tant qu’un plan pour les nettoyer ne sera pas mis en œuvre, peu de reconstructions pourront commencer. » Quand bien même la guerre se finirait vite, les retours sur investissement rapides espérés par le CAC 40 devront donc attendre.”

https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/151222/l-embarrassant-appetit-du-capitalisme-francais-pour-l-economie-ukrainienne?fbclid=IwAR2QaN4pjcs-iMYWBWgBLZMfJeIfwrbB1wwm-LMdLvxcyKpATU9yGmf-Zd4


*******************************************************************************************
my god !

*********************************************************************************************

UK

Les contrats zéro heure parmi les plus de 50 ans atteignent le plus haut niveau enregistré

« Plus d’un quart du nombre total de contrats zéro heure sont détenus par des travailleurs âgés de 50 ans et plus, selon l’analyse des données de l’Office of National Statistics…

« Nous en connaissons beaucoup qui se sont tournés vers les contrats zéro-heures parce qu’ils n’ont pas pu trouver un type de travail plus permanent ou plus structuré en raison d’une discrimination liée à l’âge ou d’un manque de flexibilité sur le lieu de travail »

« D’autres jonglent avec des contrats à durée indéterminée et d’autres emplois à temps partiel pour compléter leur temps de travail et joindre les deux bouts dans un contexte d’inflation à deux chiffres. » »

https://www.theguardian.com/uk-news/2022/dec/26/zero-hours-contracts-among-over-50s-hit-highest-level-recorded

« ce que nous ne pouvons pas faire, c’est permettre des augmentations de salaire à deux chiffres qui intégreront l’inflation à l’avenir »

« Le Daily Mail rapporte aujourd’hui que les patrons des syndicats ferroviaires et de l’industrie sont « presque arrivés » dans leurs efforts pour convenir d’un accord salarial, le patron du syndicat RMT , Mick Lynch , ayant apparemment adouci sa position et devenu plus « conscient » qu’auparavant. »

« Des sources ont déclaré au Daily Mail que Mick Lynch, le patron du syndicat RMT, a assoupli sa position et s’est montré « le plus favorable à un accord » qu’ils aient jamais trouvé lors des dernières réunions.

Les négociateurs chercheraient à utiliser un langage « créatif », notamment en ce qui concerne la réforme du secteur, afin que les deux parties puissent mieux vendre un accord.

Une source a déclaré : « Mick n’a jamais été aussi ouvert à la négociation. Il a besoin d’un moyen de sortir du conflit. »

https://www.dailymail.co.uk/news/article-11577681/Rail-strikers-close-deal-RMT-boss-Mick-Lynch-softens-stance-eyes-practical-solutions.html

****************************************************************************************

STATES

« Alors que la violente tempête de neige Elliott s’est abattue sur les États-Unis ces derniers jours, avec des températures ressenties allant jusqu’à -55 °C, de nombreuses scènes de pillages de magasins ont été observées dans la ville de Buffalo, au nord de l’État de New York.

 Sur les réseaux sociaux, les vidéos de boutiques et supermarchés pris d’assaut par les habitants se sont multipliées ces dernières heures…

 des habitants ont ainsi été filmés sortant d’un supermarché les bras chargés de gros sacs et parfois de produits de première nécessité, tels que du papier-toilette. » 

https://www.huffingtonpost.fr/international/video/aux-etats-unis-des-pillages-en-pleine-tempete-elliott-a-buffalo_211972.html

**************************************************************************************

« La Chine perd sa place en tant que centre des chaînes d’approvisionnement mondiales. 

Voici 5 endroits où les chaînes d’approvisionnement vont à la place.

L’Inde, le Vietnam, la Thaïlande, la Malaisie et le Bangladesh se mobilisent pour remplacer l’usine mondiale.

La différence de coût est importante : le salaire mensuel moyen d’un ouvrier au Bangladesh est de 120 dollars, soit moins d’un cinquième des 670 dollars que touche un ouvrier d’usine dans le centre manufacturier de Guangzhou, dans le sud de la Chine »

Apple commencera à fabriquer des MacBook au Vietnam d’ici la mi-2023

« Le passage au Vietnam intervient non seulement dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes, mais également de perturbations de la production causées par les politiques zéro COVID de la Chine et de l’incertitude liée à leur relâchement soudain ces dernières semaines…

Dans l’ensemble, les avantages de la Chine en termes de fabrication à faible coût s’estompent et de nombreux clients américains veulent désormais des alternatives de localisation de production en dehors de la Chine »

« Les politiques COVID de la Chine poussent les entreprises à diversifier leurs chaînes d’approvisionnement en dehors du pays. Voici 5 pays où les chaînes d’approvisionnement vont maintenant. »

https://asia.nikkei.com/Spotlight/Supply-Chain/Apple-to-start-making-MacBooks-in-Vietnam-by-mid-2023

« Le meilleur pari d’Apple contre la Chine pourrait être l’Inde »

« l’Inde a ses propres défis : une infrastructure inadéquate et une chaîne d’approvisionnement électronique en amont et en aval faible, pour n’en nommer que deux. Selon les données de Counterpoint, les composants d’origine locale dans l’écosystème indien des smartphones ne représentent qu’environ 14 à 15 % du total, le reste étant importé. Environ les quatre cinquièmes de ces importations proviennent de Chine. L’Inde ne peut pas non plus rivaliser avec la Chine en termes de capacité du gouvernement central à fixer des priorités et à mettre les gouvernements locaux au pas.

En Inde, chaque État met largement en œuvre ses propres politiques commerciales. Et l’Inde a eu ses propres problèmes avec des conflits de travail violents, dont un dans une usine dirigée par le fournisseur Apple Wistron en 2020.

Il faudra beaucoup de temps avant que l’Inde ne puisse égaler l’échelle et l’efficacité de la Chine pour les fabricants mondiaux tels qu’Apple »

https://www.wsj.com/articles/apples-best-bet-against-china-might-be-india-11672152340?mod=hp_minor_pos19

Sur les émeutes de 2020

« Inde : des salariés saccagent leur usine de fabrication d’iPhone »

https://www.leparisien.fr/economie/inde-des-salaries-d-un-fournisseur-d-apple-saccagent-leur-usine-13-12-2020-8413999.php

« Des ouvriers vandalisent une entreprise taïwanaise qui fabrique des iPhone pour Apple, des produits informatiques pour Lenovo et Microsoft. »

***************************************************************************************

« Nous sommes les oiseaux de la tempête qui est là »  le 24 décembre 2022

« Pour nous, les luttes ne sont pas un environnement douillet, une toile de fond destinée à mettre nos idées en valeur, elles sont le problème. Et si nous n’y sommes jamais complètement chez nous, même quand nous y participons, c’est que dans cette société il n’y a pas de place pour le communisme. Les questions que nous posons aux luttes telles qu’elles sont, nous les posons du point de vue du dépassement et de la rupture, du point de vue de ce qui craque, du point de vue des tensions et des déchirements, et ça n’est jamais confortable.» Carbureblog


****************************************************************

IRAN

« Réunion sur le mouvement ouvrier en Iran »

« La révolution qui se déroule aujourd’hui dans les rues de l’Iran, c’est la douleur des gens écartés, exclus et marginalisés ; c’est la douleur des Baloutchs , c’est la douleur des Kurdes , c’est la douleur des arabes, c’est la douleur de tous ces gens qui sont exclus de cette structure à cause de leur langue, leur origine. On n’est plus victime d’aucun système car nous avons décidé d’avancer et si aujourd’hui je suis ici, c’est pour expliquer le vocabulaire de notre classe, le vocabulaire d’une classe qu’on essaie d’exclure, d’écarter et de faire de nos femmes en lutte, des victimes. Ils pensent que nous sommes dans la rue à cause de notre inconscience, notre absence de jugement mais nous sommes certainement des personnes en lutte car nous la vivons et les femmes iraniennes ont expérimenté cette résistance dans leur vie. Nous connaissons la vie, nous connaissons la résistance, par la douleur de nos camarades; par la douleur de Leila [Hosseinzadeh] qui est aujourd’hui emprisonnée. Quand nous étions dans la rue et que nous essayions de nous organiser, on a entendu, en solidarité avec nous, une seule voix qui venait d’une seule université; c’était l’université où Leila faisait ses études et aujourd’hui, c’est elle qui se trouve sous les verrous. Mais les temps ont changé ; aujourd’hui il y a des milliers d’étudiants au sein des centaines d’universités qui utilisent le langage et le vocabulaire de la révolution. Ils nous mettent en prison, montent des dossiers contre nous, fabriquent des documentaires mensongers contre nous, mais notre vocabulaire et notre lutte se trouvent dans la rue, nous n’avons pas de guide, notre guide est la rue. »

Deux messages du « Conseil d’organisation des protestations ouvrières du pétrole »


image.png

Traduit avec DeepL.

Premier message – 16 décembre 2022

Nous appelons à rejoindre les journées de protestation annoncées et à préparer des grèves nationales.

Les collègues de Naft ont appelé à de grands rassemblements dans tout le pays le 17 décembre. En outre, les collègues des raffineries de pétrole ont appelé à la grève les 24, 25 et 26 décembre. D’autre part, de nombreuses universités et de nombreux jeunes et étudiants révolutionnaires ont été appelés à des grèves, des manifestations et des marches de protestation pour les 18-20 décembre.

Le conseil d’organisation des manifestations des travailleurs contractuels du pétrole doit rejoindre tous les travailleurs permanents et contractuels et certains travailleurs contractuels du pétrole dans tous les secteurs et centres pétroliers, y compris les raffineries de pétrole, les secteurs pétrochimiques, de forage, de transport et de carburant. Se joindre à ces protestations est une étape importante pour amener le plus grand nombre possible de travailleurs sur le terrain dans tous les centres pétroliers et préparer des grèves nationales dans divers secteurs de l’industrie pétrolière.

Il convient de mentionner que nous, en tant que conseil d’organisation des protestations des travailleurs contractuels du pétrole, avons mis l’accent, dans notre dernière déclaration, sur la grève nationale comme une réponse forte aux exécutions et à la répression et pour défendre nos moyens de subsistance et notre dignité. Dans la déclaration (voir https://www.operaicontro.it/2022/12/14/iran-in-campo-gli-operai-del-settore-petrolifero/), nous avons demandé à tous les collègues de tous les départements de communiquer activement avec nous afin que nous puissions planifier notre grève nationale le plus rapidement possible. Nous avons reçu des réponses encourageantes. Le point commun de tous ces commentaires est qu’il y a des protestations partout et que tout le monde souhaite exprimer sa protestation contre cette situation. Dans le même temps, des amis ont souligné les trois problèmes suivants :

1- Les amis ont souligné que la tendance à la protestation est élevée et, se référant au manque de cohésion de groupe parmi les travailleurs sur le lieu de travail, ils ont demandé au conseil d’organisation d’appeler à la grève et à la protestation et, dans ses avis, chaque section a été spécifiquement nommée et invitée à se joindre à la protestation.

2- Friends a écrit que les travailleurs veulent protester depuis longtemps, mais que le problème est de ne pas avoir la sécurité de l’emploi et de s’inquiéter d’être licencié.

3- Certains amis ont exprimé leur inquiétude quant au fait qu’il existe des filières créées par les agents de sécurité eux-mêmes et ont demandé au conseil d’organisation de dénoncer le vol et le détournement de pétrole pour gagner plus de confiance [point peu clair, semble faire référence au détournement ou au vol de pétrole organisé et géré par les administrateurs des unités d’extraction et de raffinage, note du traducteur].

Le conseil d’organisation considère que les considérations de tous ces amis sont fondées, et en réponse aux amis du premier groupe, comme nous l’avons dit, une large participation à ces protestations nous permet de préparer plus facilement des grèves nationales.

Le problème est que le manque de sécurité de l’emploi est réel. Mais le maintien du statu quo ne signifie pas le maintien de la sécurité de l’emploi. Nous savons tous que les exécutions et les répressions servent à asservir de plus en plus les travailleurs que nous sommes. De plus, ce problème peut être résolu aujourd’hui en constituant un fonds de grève. Nous contribuons chacun un montant à ce fonds afin d’avoir une ressource pendant la grève en cas de besoins urgents. En outre, il est clair qu’en cas de grève nationale contre l’exécution, le peuple et les syndicats soutiendront tous cette grève et sa caisse de grève. Enfin, le dernier point concerne le travail destructeur que les forces de sécurité du gouvernement font pour créer la division et mettre en danger la sécurité de nos travailleurs. D’une part, ils nous ont privés du droit de nous organiser et, d’autre part, ils essaient de nous rendre méfiants avec de faux groupes et de nous empêcher de nous organiser. Bien sûr, l’une de nos objections concerne les détournements de fonds et les vols, le pillage des gouvernements et des fiers entrepreneurs, ainsi que les vols à grande échelle commis dans le secteur pétrolier, dont l’un entraîne la perte de plateformes pétrolières. La dénonciation de ces vols nous donne le droit de poursuivre nos revendications avec toute notre force et notre droit. Vive le syndicat, vive la grève

Deuxième message – 18 décembre 2022

Azar 26 (17 décembre) est un grand succès pour les collègues travaillant dans le secteur pétrolier.

Le 26 décembre (17/12), nos collègues se sont mis en grève dans différentes régions comme Asaluyeh, Mahshahr, Teng Bijar, Gachsaran, Jeziza Khark, Ahvaz et Mahmood Abad pour protester contre la détérioration de leurs conditions de vie et pour faire valoir leurs revendications légitimes. . Ces rassemblements ont été formés en réponse à l’appel précédent et ont été organisés à l’échelle nationale, ce qui est sans précédent au cours des dernières décennies. Aujourd’hui, nous sommes heureux que nos collègues soient si unis dans la poursuite de leurs revendications et nous pensons qu’il est temps pour eux d’annoncer officiellement leur conseil d’organisation de la protestation afin qu’ensemble nous puissions organiser des manifestations à l’échelle nationale pour mettre fin à l’oppression des esclaves. Allons de l’avant unis dans les régions pétrolières en tant que zones économiques spéciales et pour protester contre les détournements de fonds et les vols et la propagation des entrepreneurs prédateurs. Pouvoir mettre fin à l’environnement de travail précaire qui fait des victimes chaque jour, ainsi qu’à l’atmosphère sécuritaire [comprise comme policière] qui règne dans les centres pétroliers, et ramener nos conditions de vie et de travail à un niveau acceptable.

Le conseil d’organisation des manifestations des entrepreneurs du pétrole, comme il l’a souligné à plusieurs reprises, se considère comme uni à tous les secteurs travaillant dans l’industrie pétrolière et défend fermement les luttes des collègues du pétrole. Il est clair que la protestation des collègues du pétrole va se poursuivre. Leur grève et leurs réunions du 26 Azar (17 décembre) étaient une protestation d’avertissement. Ces amis ont annoncé que si leurs demandes ne sont pas satisfaites, ils prépareront leur prochain mouvement de protestation et cette fois à un niveau plus large.

Il faut dire que nos collègues des raffineries ont également appelé à la grève pour les troisième, quatrième et cinquième jours du Dey (du 24 au 26 décembre) pour protester contre la détérioration de leurs conditions de vie et de travail. Nous soutenons également les protestations de ces collègues et cherchons à être la voix de leur protestation.

Enfin, nous soulignons notre soutien aux appels nationaux aux protestations des 28-30 Azar (19 au 21 décembre) contre les exécutions et la répression. Le conseil d’organisation appelle tous les partenaires officiels et non officiels, les partenaires contractuels et de projet, les tiers et les salariés quotidiens, dans tous les secteurs pétroliers à Asaluyeh, Kangan, les secteurs du forage et de l’exploitation, les secteurs du carburant, les raffineries et les industries pétrochimiques et connexes, à se joindre largement à ces protestations et à déclarer leur colère et leur haine contre l’exécution en annonçant une grève.

#no_to_execution #free_life_woman @Shoratamas

MINIMUM NEWS

Liste des usines/sites en grève le 17 décembre 2022

-Pars Oil and Gas Company à Asaluyeh et Ahvaz

Raffinerie de Pars – phases 2 et 3

-Exploitation du pétrole et du gaz de Gachsaran et Mahshahr

-Les plantes de l’île de Kharg

-les pompiers d’Ahvaz, Mahshahr, Asalavih et Gachsaran.

-Employés des laboratoires chimiques dans les régions pétrolières.

-Gharb Oil & Gas Exploitation

-Grève à la municipalité de Yazd contre les réductions de salaire et la perte de certains avantages. Ils appellent à une grève nationale et au renversement du régime.

Il y a toujours des médiateurs réformateurs dont le travail consiste à blanchir les tombes : dans ce cas, il s’agit de Hossein Morashi, secrétaire du syndicat des travailleurs du bâtiment ; il déclare que « si notre jeunesse se concentrait sur des élections libres et anticipées, elle serait peut-être plus proche du succès que de dire que toute la République islamique doit disparaître ».

-Même certains mollahs sont mal à l’aise, alors ils se plaignent de la barbarie de la répression et enlèvent leur turban en signe de protestation (aussi pour ne pas se faire enlever leur turban dans la rue par les garçons). C’est le cas de Mohammed_Khoshbayan, descendant d’une importante famille religieuse. Cela lui permet de faire son temps en dehors de la prison sans souffrir d’une égratignure.

-L’ancien ministre des affaires étrangères, M. Velayati, est pressé de vendre son beau palais dans la banlieue cossue de Téhéran. Entre-temps, il semble que certains responsables se trouvent au Venezuela pour négocier un refuge pour les gros bonnets du gouvernement iranien si les choses ne se passent pas bien à nouveau. Seront-ils vraiment en danger ?

dit-on à Téhéran :

L’inflation est de 50 % et le ministre de l’Industrie affirme que les voitures seront bon marché. Le pays est sanctionné et le responsable des zones franches dit que nous allons faire venir des investisseurs étrangers.

La moitié des revenus pétroliers n’a pas été réalisée et le ministre du pétrole dit que nous vendons bien.

Le dollar devient plus cher d’heure en heure et la banque centrale dit, Dieu merci, nous avons beaucoup de dollars.

-Les détenus des deuxième, troisième et quatrième quartiers de la prison centrale de Karaj ont protesté contre l’action des autorités pénitentiaires visant à exécuter un certain nombre de détenus appelés « condamnés pour drogue », parmi lesquels les détenus pensent qu’il pourrait y avoir des détenus protestataires anonymes, et ont protesté contre Khamenei et la République islamique. Le lendemain, des émeutes similaires ont eu lieu dans la prison de Qaimshahr. Dans les deux cas, la police est intervenue en force et a repris le contrôle, à quel prix pour les prisonniers, on ne le sait pas encore.

-presque chaque jour, les corps des jeunes arrêtés lors des manifestations sont remis à leurs familles, portant des traces de torture. La police empêche les funérailles publiques.

****************************************************************************************

UKRAINE

 « Ils ont autorisé notre massacre 


« Les soldats mobilisés seront terrifiés à l’idée de se trouver dans une zone de guerre »

« Des appels de soldats russes, dirigés vers leurs proches restés en Russie, interpellent et posent une nouvelle fois la question du traitement de l’armée russe.

Le journal britannique The Guardian a reçu 3 vocaux d’appels interceptés par l’armée ukrainienne.

Le premier est l’appel qu’Andrey, un soldat russe sur la ligne de front dans l’est de l’Ukraine, a passé à sa mère le 8 novembre avec son téléphone portable interdit, en dépit des ordres de ses supérieurs.

« Personne ne nous nourrit », déplore-t-il. « Notre approvisionnement est merdique, pour être honnête. On tire l’eau des flaques, puis on la filtre et on la boit. »

Deux jours avant d’appeler sa mère, les forces russes avaient entamé des tirs avec des bombes au phosphore sur les positions ukrainiennes, lui explique-t-il, tout en s’agaçant sur l’absence des munitions promises: « Où sont les missiles dont Poutine s’est vanté ? Il y a un gratte-ciel juste en face de nous. Nos soldats ne peuvent pas l’atteindre. Nous avons besoin d’un missile de croisière Caliber et c’est tout. »

Un autre appel intercepté est celui d’un soldat à un parent éploré après la mort de son enfant au front, le 6 novembre. Celui-ci explique qu’ils n’ont eu ni renforts ni communication avec leurs supérieurs. « Ils ont dit que nous n’étions pas autorisés à battre en retraite. Sinon, nous pourrions être abattus », raconte-t-il.

Le dernier appel reçu par The Guardian date du 26 octobre et est celui d’un soldat russe à Donetsk qui contacte sa femme. Il lui avoue qu’il pense à se rendre: « Je suis dans un sac de couchage, tout mouillé, je tousse, je suis dans un sale état. Ils ont autorisé notre massacre », confie-t-il.

Mobilisation partielle et manque de formation

Le manque de sécurité des communications russes n’est pas un problème récent et a engrangé de nombreuses formations au sein de l’armée russe. Mais, dans le cas de la mobilisation partielle qui a débuté le 21 septembre, beaucoup ont reçu des formations expéditives et peu approfondies qui n’ont, pour la majorité, pas suffi.

« Les soldats reçoivent un cours accéléré sur la manière de ne pas divulguer d’informations sensibles, mais c’est surtout pour la forme », raconte un ancien fonctionnaire russe, expliquant que les commandants font « semblant d’enseigner et les soldats font semblant d’écouter. »

« Il n’y a tout simplement pas de discipline et cela ne fera qu’empirer maintenant qu’ils ont mobilisé 300 000 personnes qui seront à peine formées. Les soldats mobilisés seront terrifiés à l’idée de se trouver dans une zone de guerre, et naturellement, ils essaieront d’appeler chez eux », explique-t-il. Selon ce représentant, cela aggrave la situation sécuritaire russe. »

https://www.lalibre.be/international/europe/guerre-ukraine-russie/2022/12/20/ils-ont-autorise-notre-massacre-des-appels-de-soldats-russes-trahissent-une-detresse-palpable-CC2LLKFHTJCYVICVNWSSZ7FTKI/

******************************************************************************************
GRECE

« Le décès (non)accidentel d’un Rom »

extrait

« Le prolétariat est-il une minorité ?

 « Il n’est pas toujours bon pour l’autre personne de savoir que nous ne sommes pas dangereux ; ne pas savoir exactement ce que nous sommes est bon pour nous. De cette façon, ils ne peuvent pas facilement nous blesser et ils nous respectent parce qu’ils nous craignent. »

Les mouvements peuvent-ils exprimer et/ou produire des différences (ou « écarts », si vous préférez) ?  » Ce n’était pas l’essence, ce n’était pas l’argent, ils l’ont abattu parce qu’il était Rom  » : c’est l’un des slogans centraux qui a dominé les manifestations de ces derniers jours contre le meurtre de Kostas Fragoulis. Mais les choses sont-elles ainsi ? Kostas Fragoulis a-t-il été assassiné « uniquement », ou principalement, parce qu’il était Rom ? Les Roms sont-ils « seulement » un groupe ethnique qui ne sait pas épeler correctement le mot justice ? Comme dans le cas du meurtre d’une personne homosexuelle par les propriétaires d’une bijouterie lors d’une tentative de vol dans le centre d’Athènes il y a quelques années, les forces contemporaines de la gauche cherchent aujourd’hui à construire leur politique antagoniste sur la base d’une identité, sur la base d’une conception minoritaire du prolétariat, qui, selon leur conception, ne doit avoir aucun rapport avec la satisfaction des besoins matériels. L' »économie », si vous voulez. Si cette tactique de déconnexion continue entre « gauche » et « classe » a été entièrement réussie dans le premier cas, elle est un enjeu dans le second. Il reste à voir quelle sera la forme finale de la dynamique de cette contradiction, qui est inextricablement liée aux émeutes de ces derniers jours. »

https://dndf.org/?p=20516

******************************************************************************************
et un peu d’humour

****************************************************************************************

FRANCE

et le bon mot de nos « amis » du pcf !

« Si le mouvement a émergé sur Facebook, ce sont les organisations syndicales qui prennent part aux négociations avec la SNCF. »

https://www.humanite.fr/social-eco/live/20221223/direct-sncf-syndicats-et-direction-trouvent-un-accord-775924

« Vendredi matin, la direction de la SNCF s’est félicitée de la signature de l’accord et d’une sortie du conflit obtenue « par le dialogue social avec les représentants élus des cheminots »

https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/12/23/greve-sncf-l-ensemble-des-organisations-syndicales-levent-leur-preavi-pour-le-nouvel-an_6155495_3234.html

« Les syndicats de la SNCF signent l’accord mis sur la table par la direction hier soir. Les préavis de grève qui menaçaient le week-end du Nouvel An sont donc levés. Mais les perturbations resteront inchangées pour ce week-end. »

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/journal-de-12h30/journal-de-12h30-du-vendredi-23-decembre-2022-5101055?fbclid=IwAR2EIa8qjvFzj0Rhfs4iqwUy_fDSmA7nDytI1LnDc26DD5D1HnK5jwqjXFI

« Grève des contrôleurs de la SNCF : les syndicats débordés par un mouvement venu du terrain »

« …une mise au point de SUD-Rail. Pour ce syndicat, il ne faut pas s’étonner de l’apparition de « collectifs » comme celui constitué par les contrôleurs à l’initiative de ce mouvement de grève, lorsqu’on a supprimé « 70 % des effectifs syndicaux » en fusionnant les anciens comités d’entreprise et comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) en un seul comité social et économique (CSE).

https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/12/23/greve-des-controleurs-les-syndicats-debordes-par-un-mouvement-venu-du-terrain_6155461_3234.html

« SNCF : la mobilisation d’un collectif de contrôleurs, signe d’une «gilet-jaunisation» des mouvements sociaux ? »

« Directeur de l’Institut supérieur du travail (IST), Bernard Vivier s’inquiète de la « négation des corps intermédiaires dans la société » observée durant la mobilisation des contrôleurs.

Une rupture dans l’histoire sociale de la SNCF. Jusqu’ici, les syndicats, très bien implantés, y avaient toujours dirigé les mouvements sociaux d’ampleur. Jusqu’à cette semaine. Un collectif de contrôleurs créé sur Facebook a appelé à la grève en ce week-end de Noël, entraînant de fortes perturbations du trafic des TGV (deux TGV sur cinq annulés). »

https://www.lefigaro.fr/social/greve-a-la-sncf-ce-que-revele-la-mobilisation-declenchee-par-un-collectif-detache-des-syndicats-20221222

« le président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, en a lui aussi appelé à « la responsabilité des chefs de bord TGV » pour qu’ils ne maintiennent pas leur mouvement de grève le week-end du Nouvel An. « Pour ce week-end, c’est malheureusement trop tard (…) mais il n’y a pas de raison de punir deux fois les Français », a-t-il insisté sur RTL en évoquant le dernier week-end de l’année.

« Je ne comprends pas cette grève. Il n’y a aucun appel à la grève d’aucun syndicat », a-t-il ajouté, précisant qu’il les recevrait dès vendredi pour tenter de trouver une issue à la crise. « J’ai plus de 40 ans de maison, j’en ai vu des grèves, mais je n’en ai pas beaucoup vu le jour des départs comme ça », a conclu le patron du groupe public : « C’est quand même très inédit. »

https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/12/22/greve-a-la-sncf-a-noel-le-gouvernement-s-insurge-contre-le-mouvement-des-controleurs_6155379_3234.html

« Dans l’histoire sociale, les conflits sont souvent nés à la base »

« Une telle situation s’est-elle déjà produite à la SNCF ? Et au-delà, dans d’autres entreprises ou secteurs du monde du travail ?

A l’origine du grand mouvement de l’hiver 1986-1987, il y avait déjà un collectif de cheminots. On parlait alors d’une « coordination » de cheminots et c’est la CFDT qui avait accepté de déposer le préavis de grève. Les raisons – comme aujourd’hui – en étaient les conditions de travail et les rémunérations. La CGT était hostile, au départ, à un tel mouvement, afin de ne pas perturber les vacances de Noël. Mais vu le succès du mouvement, les syndicats vont se rallier très vite. Celui-ci ne traduisait pas moins aussi – à son départ – une critique plus ou moins sourde des syndicats et annonçait quelques années plus tard la naissance d’un nouveau syndicat, plus « basiste » : SUD-Rail. »

https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/12/23/greve-a-la-sncf-dans-l-histoire-sociale-les-conflits-sont-souvent-nes-a-la-base_6155510_3234.html

sur cette grève de l’hiver 86/87 :

https://europe-solidaire.org/spip.php?article51564

https://mensuel.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-1986-1993-trilingue/article/france-la-greve-des-cheminots-18

**********************************************************************************************

Dans toute l’Europe, les prix augmentent et les salaires décrochent

extraits

« Avec une inflation de 10 %, le pouvoir d’achat des salariés subit un choc historique. A l’exception de quelques pays, la colère sociale demeure pourtant limitée…

image.png

Pour l’instant, les Européens – au sein de la zone euro mais aussi dans l’ensemble du Vieux Continent – subissent au contraire un violent décrochage de leur pouvoir d’achat. Selon la BCE elle-même, les salaires devraient augmenter de 4,5 % en 2022, et de 5,2 % en 2023. Pendant ce temps, l’inflation devrait être de 8,4 % cette année en moyenne, et de 6,3 % en 2023. « Je ne vois pas de spirale salaires-inflation », estime Frederik Ducrozet, le directeur de la recherche économique à Pictet Wealth Management, une société de gestion d’actifs…

Ce choc provoque la montée d’un sérieux mécontentement social. Hors Union européenne (UE), le Royaume-Uni connaît son plus important mouvement social depuis 1989, avec des débrayages qui se succèdent tous les jours : cheminots, facteurs, douaniers, ambulanciers, salariés des autoroutes…

En Belgique, des milliers de travailleurs ont défilé à Bruxelles, vendredi 16 décembre, à l’appel du front commun des trois grandes organisations syndicales du pays. Ils réclamaient une augmentation des salaires bruts, une diminution de la fiscalité sur les revenus du travail, et un blocage des prix de l’énergie. Même en Autriche, pays où les grèves sont rarissimes, des mouvements sociaux d’ampleur ont touché deux secteurs stratégiques ces dernières semaines : la compagnie de chemin de fer nationale ÖBB et les brasseries.

Cette colère sociale demeure pourtant contenue dans le reste de l’Europe. En Allemagne, les négociations salariales avec le très puissant syndicat IG Metall, l’un des plus importants d’Europe, ont servi de test. La chancellerie était très inquiète de ses revendications : une augmentation de 8 % pour les 3,9 millions d’employés de l’industrie du métal et de l’électronique, incluant l’automobile…

En Espagne aussi, malgré quelques grèves ponctuelles ou sectorielles, les grands mouvements sociaux ont été évités pour l’instant. Mais les principaux syndicats, réputés peu conflictuels, considèrent qu’ils font preuve de responsabilité dans le contexte d’une crise liée à la guerre en Ukraine, déclenchée le 24 février, et commencent à hausser le ton. Ils ont prévenu que « si le patronat ne fait pas de même », l’année 2023 sera marquée par les grèves…

Le pays le plus touché par la chute du pouvoir d’achat est l’Italie. Le choc, fortement accentué cette année, n’est cependant pas nouveau. Selon le dernier rapport sur les salaires, publié en novembre, de l’Organisation internationale du travail, la rémunération du travail y est plus faible en 2022… qu’en 2008. Beaucoup plus faible. En termes réels, les salaires italiens sont cette année inférieurs de 12 % à ceux enregistrés il y a quatorze ans, alors qu’éclatait la crise financière mondiale. »

https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/12/19/en-europe-les-salaires-decrochent_6154988_3234.html

********************************************************************************************

UK

Retour vers le futur

« Les travailleurs britanniques risquent de revenir aux salaires réels de 2006 en 2023, une année « très difficile ».

Alors que la crise du coût de la vie se conjugue à une hausse du chômage, à une augmentation des faillites et à des services publics en difficulté, la principale mesure de la satisfaction de la vie devrait s’effondrer pour atteindre son plus bas niveau depuis le début des relevés en 2013. »

https://www.theguardian.com/business/2022/dec/23/uk-workers-face-return-to-2006-real-term-wages-in-highly-challenging-2023


image.png

Les ambulanciers suspendent la grève prévue le 28 décembre

 « Rachel Harrison, secrétaire nationale du GMB, a ajouté : « Nous sommes submergés par l’incroyable soutien public de mercredi à l’égard de notre personnel paramédical et ambulancier. Les gens de tout le pays ont été merveilleux en nous soutenant et nous nous soucions aussi beaucoup d’eux. »

« C’est pourquoi nous suspendons l’action industrielle proposée par le GMB le 28 décembre. Nous savons que le public appréciera de pouvoir profiter de Noël sans anxiété supplémentaire. Ils nous soutiennent et nous les soutenons ». »

https://www.theguardian.com/uk-news/2022/dec/23/ambulance-workers-suspend-planned-strike-28-december

« la série actuelle de grèves pourrait durer des mois. »

« Rishi Sunak préside le cabinet ce matin, et à 15 heures, il répondra aux questions du comité de liaison des Communes, probablement pendant environ 90 minutes. Il s’agira probablement de la séance de questions-réponses la plus longue à laquelle il ait été soumis depuis qu’il est devenu Premier ministre.

Mais si quelqu’un s’attend à ce qu’il ouvre la porte à une résolution rapide des grèves des services de santé, il risque d’être déçu. Hier, M. Sunak a accordé une interview à Jason Groves, du Daily Mail, dans laquelle il a averti le public qu’il devait se préparer à un long combat. En voici les grandes lignes.

Sunak a déclaré que la série actuelle de grèves pourrait durer des mois. A la question de savoir si la Grande-Bretagne pourrait faire face à des mois de grèves, Sunak a répondu :

« Oui. Ecoutez, je vais continuer à avancer les mêmes arguments que par le passé.

Le gouvernement agit de manière juste et raisonnable et continuera toujours à le faire. Je vais faire ce que je pense être juste pour les intérêts à long terme du pays – combattre l’inflation.

Le gouvernement fait tout ce qu’il peut pour être responsable et mettre en place des mesures d’urgence pour soutenir les gens, mais en fin de compte, je continuerai à demander instamment aux syndicats de mettre fin à la grève parce que c’est ce qui perturbe la vie des gens – c’est ce qui a un impact sur leur santé. »

Il a laissé entendre qu’il était trop tard pour améliorer l’offre salariale pour l’exercice 2022-23. Groves rapporte :

[M. Sunak a rejeté catégoriquement les informations selon lesquelles il préparait un repli dans son épreuve de force avec les dirigeants syndicaux. Le Premier ministre a déclaré qu’il était trop tard pour améliorer les offres salariales au cours d’un exercice financier qui était « pratiquement terminé ».

Mais M. Sunak a laissé entendre que les syndicats pourraient obtenir une offre salariale plus généreuse pour 2023-24 s’ils annulaient les grèves maintenant. « Offrant un rameau d’olivier aux travailleurs, [Sunak] a laissé entendre que le cycle de rémunération de l’année prochaine pourrait être plus généreux si les membres du syndicat se comportaient de manière responsable maintenant », rapporte Groves. Il poursuit :

M. Sunak a déclaré qu’il était trop tard dans l’année financière pour remettre en cause l’accord – et a suggéré que les syndicats se concentrent sur l’amélioration de l’accord salarial l’année prochaine. « Nous devons réfléchir à la bonne approche pour l’année prochaine » » a-t-il déclaré. « Bien sûr, c’est une conversation que nous aurons avec les syndicats, avec les organes de révision des salaires, lorsque nous réfléchirons aux bons accords salariaux. » »

https://www.theguardian.com/politics/live/2022/dec/20/rishi-sunak-health-nhs-strikes-nurses-ambulance-pay-offers-live


image.png

«Le Labour a un plan pour remettre la Grande-Bretagne au travail et aider les plus de 50 ans et les malades de longue durée à trouver un emploi. »

« Les taux d’inactivité économique – lorsque les adultes en âge de travailler ne sont ni employés ni à la recherche d’un emploi – ont explosé depuis que l’urgence sanitaire s’est propagée en Grande-Bretagne il y a près de trois ans, dans un exode de la main-d’œuvre alimenté par l’augmentation des problèmes de santé et la retraite anticipée des travailleurs âgés …

Le gouvernement s’est jusqu’à présent concentré sur la répression des demandeurs de prestations, en demandant notamment à 600 000 personnes bénéficiant du crédit universel de rencontrer un coach de travail pour les aider à augmenter leurs heures ou leurs revenus…

Les travaillistes ont déclaré que le gouvernement devait prendre des mesures urgentes pour aider les plus de 50 ans et les malades de longue durée à retourner au travail. »

https://www.theguardian.com/politics/2022/dec/22/rishi-sunak-pressure-help-older-people-return-to-work-after-ill-health

****************************************************************************************
STATES

Le Père Noël est une ordure

« Après que les entreprises se sont plaintes de pénuries de main-d’œuvre jusqu’en 2021 et 2022, plusieurs entreprises ont licencié des travailleurs lors de licenciements massifs à la fin de 2022.

Les suppressions d’emplois aux États-Unis ont augmenté cette année, avec une augmentation de 6 % pour les 11 premiers mois de 2022 par rapport à l’année dernière. En 2021, 320 173 d’entre eux avaient été annoncés, bien que les suppressions d’emplois soient plus faibles ces deux dernières années qu’au cours des décennies précédentes.

https://www.theguardian.com/business/2022/dec/18/layoffs-us-companies-workers-holidays-christmas

********************************************************************************************

Chine: des habitants autorisés à reprendre le travail même avec le Covid

La municipalité-province de Chongqing (sud-ouest), qui compte plus de 30 millions d’habitants, est l’une des premières à autoriser le retour au travail malgré des symptômes du Covid. «Les patients asymptomatiques et légèrement symptomatiques peuvent aller travailler normalement», précise un avis des autorités locales publié dimanche…

A l’autre bout du pays, la province du Zhejiang, limitrophe de Shanghai, a elle aussi décidé que les personnes avec des symptômes légers pouvaient « continuer à travailler » à condition de prendre des « mesures de protection ».

https://www.lefigaro.fr/international/chine-des-habitants-autorises-a-reprendre-le-travail-meme-avec-le-covid-20221219

« Nous sommes libres maintenant. » !!!!

« Un responsable d’une usine d’assemblage de voitures dans la province septentrionale du Hebei a déclaré que son groupe prévoyait de rétablir le système de « boucle fermée », dans lequel le personnel vit et travaille sur place pendant les épidémies de Covid, afin de maintenir la production tout en évitant d’attraper le virus.

« Sinon, nous n’aurons plus de travailleurs », a-t-il déclaré…

Il y a des preuves que la perturbation sera de courte durée. Le campus de Zhengzhou du fabricant sous contrat Apple Foxconn – la plus grande usine d’iPhone au monde – fait partie de ceux qui abandonnent ses restrictions notoires, et la production rebondit selon un employé.

En octobre, les travailleurs de l’usine de Zhengzhou ont organisé une grève après qu’une épidémie de Covid les ait enfermés dans des dortoirs, la nourriture et les fournitures médicales s’épuisant.

Ce mois-ci, Foxconn avait supprimé les mandats quotidiens de test PCR et démantelé les barrières métalliques qui avaient gardé son personnel confiné sur le campus de Zhengzhou, selon un travailleur qui a demandé à rester anonyme. « Nous sommes libres maintenant. Il n’y a plus de clôtures métalliques érigées ni aucune autre forme de restriction en vigueur », ont-ils déclaré.

Ils ont déclaré que les travailleurs positifs à Covid pourraient continuer à travailler ou à s’isoler dans le dortoir. L’employé de Foxconn a ajouté que « la production revient à la normale » après que l’entreprise a recruté de nouveaux travailleurs et que d’autres qui avaient « fui l’usine » sont retournés au travail…

Les experts ont déclaré que les usines seraient confrontées à des pénuries de main-d’œuvre jusqu’en février, après le nouvel an lunaire. L’épidémie d’Omicron a fait avancer le mouvement annuel de plus de 290 millions de travailleurs migrants des provinces côtières vers les régions les plus pauvres de l’ouest, qui se produit avant la période des fêtes.

« Les secteurs qui dépendent des travailleurs migrants sont en difficulté car de nombreuses personnes sont déjà rentrées chez elles pour les vacances du Nouvel An chinois, qui ne sont que dans cinq semaines » »

************************************************

EGYPTE

«  près d’un tiers du pays vit en dessous du seuil de pauvreté… »

« plus de 20 000 Égyptiens sont arrivés en Italie via la Libye jusqu’à présent cette année, soit près de trois fois le nombre de ceux qui ont traversé le à la même époque l’an dernier, selon les données du ministère italien de l’Intérieur.

Ils fuient une économie qui s’effondre rapidement après que la livre égyptienne a perdu plus d’un tiers de sa valeur par rapport au dollar cette année seulement, parallèlement à une flambée de l’inflation qui provoque une forte augmentation du coût de la vie alors que l’État s’enfonce davantage dans l’endettement. Les statistiques officielles les plus récentes sur le taux de pauvreté du pays, datant d’au moins trois ans, estimaient que près d’un tiers du pays vit en dessous du seuil de pauvreté…


image.png

« Nous voyons maintenant que davantage d’Égyptiens arrivent en Europe en raison de la situation économique et politique qui y règne », a déclaré Muhammad al-Kashef, avocat spécialisé dans les droits de l’homme et expert en migration chez Watch the Med et le réseau Migreurop basé à Paris . « Ce sont des gens moyens qui étaient restés sans espoir, ceux qui ne faisaient partie d’aucun mouvement politique, qui ont cru aux promesses de Sissi au fil des ans jusqu’à ce que la monnaie dépasse 20 livres égyptiennes – quand il est arrivé au pouvoir, c’était 6,5 pour un dollar. » »

https://www.theguardian.com/world/2022/dec/18/egyptians-face-peril-at-sea-in-dangerous-new-exodus-to-europe

************************************************************************************************

« Nous sommes les oiseaux de la tempête qui est là »  le 17 décembre 2022

« Pour nous, les luttes ne sont pas un environnement douillet, une toile de fond destinée à mettre nos idées en valeur, elles sont le problème. Et si nous n’y sommes jamais complètement chez nous, même quand nous y participons, c’est que dans cette société il n’y a pas de place pour le communisme. Les questions que nous posons aux luttes telles qu’elles sont, nous les posons du point de vue du dépassement et de la rupture, du point de vue de ce qui craque, du point de vue des tensions et des déchirements, et ça n’est jamais confortable.» Carbureblog
*************************************************************************************************
IRAN

Nouvelles d’Iran du 11 au 15 décembre 2022

MISES A JOUR QUOTIDIENNEMENT OU PRESQUE et transmises directement par des camarades de l’intérieur de l’Iran via d’autres, réfugié.e.s en France

Les dates de la prochaine série de protestation ont été fixées : les 19,20,21 décembre 22. 

D’importantes activités sont organisées dès le milieu de la semaine dernière pour préparer le succès de ces mobilisations de protestation et de grèves. Les activités telles que nous les avons déjà décrites, comme les rassemblements ponctuels dans les quartiers, les slogans par les fenêtres et les toits des immeubles, les manifestations ponctuelles dans les universités, la distribution des tracts et de flyers, des graffitis sur les murs, etc.

Il est à noter qu’on entend ici et là, surtout de la part des groupes qu’on peut qualifier « de gauche », des critiques sur le sens qui a été attribué au mot d’ordre de « grève générale »; mot d’ordre qui est largement repris dans les appels.

L’ennui c’est qu’apparemment on confond la grève générale au sens de l’arrêt total de toute activité dans le pays avec le fait même de la fermeture des bazars et des boutiques de commerçants dans les villes. C’est vrai que chaque fois, pendant les séries de 3 jours de mobilisation, nous avons vu essentiellement cette grève suivie chez les bazaris et les commerçants, même si ponctuellement elles ont été accompagnées par des journée de grève chez les ouvriers ou les camionneurs. Ce qui faisait qu’on avait des opérations de « villes mortes » qui, à part l’effet symbolique de souligner la solidarité avec le mouvement général de protestation a effectivement des aspects négatifs non-négligeables, notamment le fait que les manifestants et les protestataires qui se trouvaient dans la rue étaient isolés et facilement repérables par les forces de l’ordre. Dans ces moments en particulier, le fait même d’être présent dans la rue vous qualifie comme protestataire et vous rend susceptible d’être identifié et arrêté. De surcroît, ce genre de fermeture de magasin n’a en effet, rien à voir avec le pouvoir de nuisances que pourrait avoir une  grève dans les secteurs de production et de distribution.

Un autre aspect négatif à mentionner c’est le « sentiment de travail accompli » que ce genre de grève peut procurer aux personnes concernées; ça peut avoir un effet démobilisateur car c’est comme si on disait aux gens « aujourd’hui ne faites rien, restez à la maison ».

Et dans ce cas, qui va faire la révolution ?

Il faut donc être très attentif à ce slogan et l’utiliser de façon étudiée pour mobiliser non seulement le bazar, les commerçants et les boutiques, mais également les camionneurs, les chauffeurs de bus, les conducteurs de camion et surtout les ouvriers de l’industrie et les employés des services.

Il nous reste maintenant à surveiller la suite des événements pour évaluer l’influence de ce genre de critique sur le choix des tactiques et des moyens, qui seront l’œuvre des groupements de jeunes de quartier qui en général sont à l’origine de ces appels

Habib

« Ce que nous disons, c’est la liberté, pas le voile. »

Extraits en traduction DeepL, une traduction est en cours du côté des camarades de Sans soleil

«Aujourd’hui, en Iran, nous assistons à une révolution sans parti, menée par des femmes, sans aucun leader. La lutte s’est déroulée rapidement grâce au refus croissant des femmes de se plier à l’obligation de porter le hijab. Le mouvement contemporain semble remonter à la pause qui a suivi immédiatement la révolution de 1979, au cours de laquelle Ruhollah Khomeini est revenu en Iran et a rendu le voile obligatoire, façonnant ainsi la tactique de résistance féministe à la République islamique. Répondant presque immédiatement à l’injonction de Khomeini, le mouvement des femmes a fait irruption dans les rues de Téhéran, le 8 mars 1979 – la première Journée internationale de la femme depuis que la révolution avait déposé Reza Shah et renversé l’État Pahlavi…

À en juger par les personnes auxquelles j’ai parlé, les Iraniens meurent d’envie de mettre fin à la forme de vie vécue sous le régime islamique. L’avenir qu’ils recherchent est au-delà de la République islamique, ou rien. Cependant, il est difficile d’imaginer un avenir ; la conscience contemporaine – bien qu’extrêmement radicale et même queer – est façonnée par un monde sans avenir structurel. Par conséquent, il sera difficile d’inventer un futurisme qui étende la révolution à un au-delà révolutionnaire – au-delà du régime autoritaire et du capitalisme. Que se passera-t-il ensuite ? Sans parti, sans leader, sans État, sans économie et sans avenir, le mouvement en a-t-il une vision ? Réussira-t-il sans cela ? Nous l’espérons tous….16 »

Endnotes

https://brooklynrail.org/2023/12/field-notes/What-We-Are-Saying-is-Freedom-Not-the-Veil

400 personnes emprisonnées à la suite de manifestations à Téhéran

« Lors des audiences concernant les émeutiers dans la province de Téhéran, 160 personnes ont été condamnées à des peines allant de cinq à dix ans de prison, 80 personnes à des peines de deux à cinq ans et 160 personnes à des peines allant jusqu’à deux ans »

https://www.lefigaro.fr/international/iran-400-personnes-emprisonnees-a-la-suite-de-manifestations-a-teheran-20221213

****************************************************************************************

CHINE

Le chaudron bouillonnant des jeunes chômeurs en Chine

« Le fait qu’un cinquième des jeunes Chinois soient désormais incapables de décrocher un emploi est un renversement significatif d’une tendance vieille de plusieurs décennies à la forte création d’emplois qui a entraîné une mobilité sociale et une prospérité croissantes.

La dernière fois que la Chine a connu de graves problèmes de chômage, c’était dans les années 1990, au cours d’une période particulièrement douloureuse de réformes économiques. Alors que les entreprises d’État chinoises étaient restructurées et privatisées, des dizaines de millions de travailleurs, pour la plupart âgés, ont été licenciés.

Cela a provoqué une dislocation sociale et des manifestations massives – ce que tout gouvernement souhaite éviter. Depuis lors, en particulier pour les jeunes travailleurs, le marché du travail a plus souvent été confronté à des pénuries qu’à un manque d’opportunités d’emploi.

Mais ces dernières années, alors que la fabrication à forte intensité de main-d’œuvre est délocalisée hors de Chine et que le gouvernement encourage  la modernisation et l’automatisation industrielles , le secteur des services n’a pas suffisamment absorbé les travailleurs qui ont quitté leur emploi dans le secteur manufacturier. La répression réglementaire des entreprises technologiques a également freiné l’embauche de diplômés universitaires…

Les niveaux élevés de chômage et de sous-emploi des jeunes, combinés à une désaffection pour leur emploi, sont une recette pour le désespoir et la désaffection. Sans répondre à ces préoccupations dans les années à venir, la Chine verra une génération de jeunes perdus qui pourraient chercher des moyens perturbateurs d’exprimer leur désespoir. »

« Dans les villes, près d’un jeune sur cinq est au chômage. »

« Le démantèlement abrupt par Pékin des contrôles de l’épidémie de coqueluche a été salué par les économistes, alors même que le pays se prépare à l’impact humain de la propagation de la maladie au sein d’une population vulnérable.

La brusque volte-face des dirigeants sur la manière de gérer la pandémie semble avoir été déclenchée par les manifestations contre les contrôles qui ont débuté le mois dernier, une manifestation nationale de mécontentement d’une ampleur que la Chine n’avait pas connue depuis des décennies.

Mais cette agitation est survenue après une inquiétude croissante quant aux conséquences de l’isolement et des fermetures régulières sur l’économie du pays.

La Chine est un moteur de la croissance régionale depuis le siècle dernier. Cependant, cette année, elle devrait être à la traîne de ses voisins pour la première fois depuis 1990, avec des conséquences désastreuses pour sa population.

Dans les villes, près d’un jeune sur cinq est au chômage. Les petites et moyennes entreprises ont été particulièrement touchées par l’incertitude et l’impact des fermetures imprévisibles et souvent de longue durée de villes entières.

Mais presque personne n’a été épargné. Le fondateur de Foxconn, un fournisseur clé d’Apple, avait averti Pékin que les contrôles menaçaient la place de la Chine dans la chaîne d’approvisionnement mondiale, rapporte le Wall Street Journal.

La lettre privée a été envoyée le mois dernier, alors que des travailleurs mécontents protestaient dans les usines de l’entreprise, et a servi de munition aux responsables de la santé et aux conseillers qui souhaitaient ouvrir à nouveau le pays au monde…

Selon une étude réalisée par la société d’analyse de la santé Airfinity, entre 1,3 et 2,1 millions de vies pourraient être en danger. Elle a basé ses modèles sur l’impact d’une épidémie survenue plus tôt dans l’année à Hong Kong, qui compte également une population âgée et un faible taux de vaccination.

Permettre à la maladie de se propager au début de l’hiver dans l’hémisphère nord, lorsque d’autres maladies respiratoires circulent et que les gens s’entassent à l’intérieur, ajoute aux risques.

Ces facteurs pourraient signifier que la Chine a un chemin semé d’embûches. Si les services de santé sont débordés, elle pourrait être amenée à recourir aux « montagnes russes » de fermetures temporaires que la plupart des pays occidentaux ont connues jusqu’à ce qu’ils aient augmenté les taux de vaccination. »

https://www.theguardian.com/world/2022/dec/11/economists-hail-end-to-zero-covid-in-china-but-huge-human-toll-is-feared

**********************************************************************************************

UKRAINE

« Ceux qui refusent de se battre »

« De nombreuses troupes nouvellement mobilisées se sont rapidement plaintes d’être envoyées dans une zone de guerre sans équipement suffisant ni formation adéquate. Depuis l’Ukraine, de nombreux rapports font état de soldats russes mobilisés détenus – dans certains cas, enfermés dans des caves et des sous-sols – pour avoir refusé de retourner sur la ligne de front.

« C’est une façon d’obliger les gens à retourner dans ce bain de sang », explique Elena Popova, du Mouvement russe des objecteurs de conscience. « L’objectif des commandants est de garder les soldats là-bas. Les commandants ne connaissent que la violence et l’intimidation. Mais on ne peut pas forcer les gens à se battre ».

Pour certains Russes, refuser de retourner sur la ligne de front peut être une position morale. Mais il y a une explication plus commune.

« Ceux qui refusent de se battre le font parce qu’ils ont eu plus que leur part d’action au front », explique Elena Popova. « Une autre raison est l’immonde façon dont ils sont traités. Ils ont passé du temps dans les tranchées, ont eu froid et faim, mais quand ils reviennent, ils se font crier dessus et injurier par leurs commandants. »

https://www.bbc.com/news/world-europe-63916810

****************************************************************************************

« Coupures d’électricité, missiles perdus et inflation à 35 % : les dommages collatéraux de la guerre de la Russie contre l’Ukraine ont plongé la Moldavie voisine dans une crise qui va au-delà de la hausse des factures énergétiques. « Je vois des personnes âgées pleurer devant la vitrine. Ce n’est pas qu’ils n’ont pas les moyens d’acheter du salami; ils ne peuvent même pas s’offrir les produits de base comme le lait »

La dépendance de la Moldavie vis-à-vis des importations d’énergie entraîne une inflation record. Les prix de certains produits ont doublé… »

https://www.theguardian.com/world/2022/dec/12/moldova-inflation-economy-energy-russia-invasion-ukraine

**********************************************************

FRANCE

Les fonctionnaires ont boudé les urnes.

La participation aux élections professionnelles s’est effondrée de plus de six points pour tomber à 43,7% en 2022, selon les résultats officiels publiés jeudi 15 décembre…

 la baisse brutale de la participation s’explique notamment par le « peu d’utilité » que les agents publics attribuent à leurs instances de dialogue social, largement réformées ces dernières années. »

https://www.francetvinfo.fr/economie/syndicats/fonction-publique-la-participation-aux-elections-s-effondre-fo-talonne-la-cgt_5546517.html

****************************************************************

STATES

Les cheminots font pression sur le Congrès et Biden pour qu’ils s’occupent de leurs conditions de travail

« Vous avez toujours su que c’était l’aboutissement du processus, vous saviez que le Congrès allait vous pousser à reprendre le travail, vous ne saviez simplement pas quand et dans quelles conditions vous seriez remis au travail ».

https://www.theguardian.com/us-news/2022/dec/16/railroad-workers-unions-congress-biden-working-conditions

A lire aussi dans le dernier n°180 de la revue Echanges : Etats unis, la bataille du rail »


*******************************************************************************************

ESPAGNE

L’inflation ralentit à 6,8 % en novembre, mais les prix alimentaires continuent de monter en flèche

« 15,3%, un taux quasiment identique aux 15,4% du mois dernier, lorsqu’il a battu son plus haut historique. Et ils ne montrent toujours pas de signes d’inversion de leur tendance au ralentissement. « Il n’y a pas d’inflexion dans l’alimentation, contrairement à ce qui se passe dans l’énergie » »

https://elpais.com/economia/2022-12-14/la-inflacion-recula-al-68-en-noviembre-pero-los-precios-de-los-alimentos-se-mantienen-disparados.html

********************************************************************************************

UK 

« Les 30 dernières années en Grande-Bretagne, à l’exception peut-être du mouvement étudiant de 2010 et des émeutes de 2011, ont été un désert de toute forme de lutte sociale de masse. La plupart des jeunes n’ont absolument aucune expérience de ce que signifie être impliqué dans la lutte de masse, y compris beaucoup de ceux qui se disent militants communistes. »

« Les chiffres officiels montrent que 22% des personnes au Royaume-Uni vivent en dessous du seuil de pauvreté car elles vivent avec moins de 60% du revenu médian des ménages.

La New Economics Foundation, un groupe de réflexion de gauche, a déclaré que la hausse des prix, les augmentations de revenus inférieures à l’inflation et les augmentations prévues du chômage entraîneraient le manque de ressources de 43% des ménages pour mettre de la nourriture sur la table, acheter de nouveaux vêtements ou se soigner et leurs familles – une augmentation de 12 points de pourcentage par rapport à 2019. »

https://www.theguardian.com/business/2022/dec/12/30-million-in-uk-priced-out-of-decent-standard-of-living-by-2024

« les syndicats de la santé proposent de suspendre les grèves du NHS si le gouvernement se joint aux négociations salariales

Dans une déclaration à l’Observer, Pat Cullen, secrétaire générale de la RCN, qui doit mettre 100 000 de ses membres en grève jeudi en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord, a déclaré qu’elle était prête à « marquer une pause » dans l’action industrielle si le secrétaire à la santé, Steve Barclay, acceptait de se réunir pour trouver un accord…

Les grèves en Écosse ont été suspendues après qu’Unison ait recommandé l’acceptation de l’offre à ses membres, tandis que la MRC a adopté une position neutre et a également soumis la nouvelle offre aux membres lors d’un scrutin.

La secrétaire générale d’Unison, Christina McAnea, a déclaré qu’une offre de style écossais aux travailleurs du NHS en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord « pourrait bien » signifier la levée des menaces de grève »

https://www.theguardian.com/uk-news/2022/dec/10/exclusive-health-unions-offer-to-pause-nhs-strikes-if-government-join-pay-talks

« Les ministres ont rejeté l’offre des syndicats d’infirmières de suspendre les grèves prévues en échange de négociations sur les salaires, arguant qu’il n’était pas possible pour le gouvernement de modifier les primes décidées par l’organisme indépendant chargé des salaires du personnel du NHS. »

https://www.theguardian.com/society/2022/dec/11/nhs-strikes-nurses-pay

************************************************************************************************

JORDANIE

Un policier tué par balle lors de manifestations contre les prix des carburants

« Un haut responsable de la police a été tué par balle tôt vendredi lors de manifestations dans la province de Maan, dans le sud de la Jordanie, théâtre depuis plusieurs jours de protestations contre la hausse des prix des carburants..

Plusieurs provinces du sud de la Jordanie ont connu des grèves ces derniers jours, qui ont commencé par les chauffeurs de camions avant d’être suivies par les marchés et commerces mercredi pour protester contre la hausse des prix des carburants. A certains endroits, les protestataires ont bloqué des routes avec des pneus en feu ou ont eu des échauffourées avec les forces de sécurité.

Les prix ont presque doublé par rapport à l’an dernier, en particulier pour le diesel, généralement utilisé par les camions et les bus, et le kérosène, principal carburant de chauffage. »

https://www.lorientlejour.com/article/1321762/un-policier-tue-par-balle-lors-de-manifestations-contre-les-prix-des-carburants.html

*********************************************************************************************

« Nous sommes les oiseaux de la tempête qui est là »  le 10 décembre 2022

« Pour nous, les luttes ne sont pas un environnement douillet, une toile de fond destinée à mettre nos idées en valeur, elles sont le problème. Et si nous n’y sommes jamais complètement chez nous, même quand nous y participons, c’est que dans cette société il n’y a pas de place pour le communisme. Les questions que nous posons aux luttes telles qu’elles sont, nous les posons du point de vue du dépassement et de la rupture, du point de vue de ce qui craque, du point de vue des tensions et des déchirements, et ça n’est jamais confortable.» Carbureblog


**********************************************************************************************
IRAN

« Après presque trois mois de violences, les slogans se sont durcis. De nos jours, vous entendez plus souvent « Je tuerai celui qui tue mon frère », tandis que votre flux Instagram affiche des guides vidéo pour faire des cocktails molotov et des images d’incendies criminels contre les casernes du Basij, la milice volontaire du régime. »

https://www.theguardian.com/world/2022/dec/06/irans-moment-of-truth-what-will-it-take-for-the-people-to-topple-the-regime

la suppression de la police des mœurs est « cosmétique » et ne mettra pas fin au mouvement de protestation

« Ce geste des autorités iraniennes est-il en mesure d’apaiser le mouvement de contestation ?

Non. Dès hier soir, les manifestantes estimaient qu’il s’agissait d’une mesure cosmétique. Elles revendiquent la suppression de la République islamique, et non la simple suppression de la police des mœurs. Par ailleurs, il y a une fausse interprétation du mouvement à l’étranger. Les Occidentaux pensent qu’il s’agit d’une révolution féministe, pour la cause des femmes, comme si tout le reste allait bien. Ce n’est pas le cas, tout est lié : beaucoup de slogans font ainsi référence à la pauvreté et à la nourriture, car le peuple est affamé. Ces revendications là ne seront pas satisfaites par l’annonce de samedi. »

https://www.francetvinfo.fr/monde/iran/manifestations/iran-la-suppression-de-la-police-des-m-urs-est-cosmetique-et-ne-mettra-pas-fin-au-mouvement-de-protestation-estime-une-politiste-iranienne_5522754.html


« Les nouvelles d’Iran du 30 novembre au 5 décembre 2022 »

informations MISES A JOUR QUOTIDIENNEMENT OU PRESQUE et transmises directement par des camarades de l’intérieur de l’Iran via d’autres, réfugié.e.s en France

L’Iran exécute un homme impliqué dans les manifestations

« C’est au bout de cette série de 3 jours de mobilisation que la nouvelle de l’exécution de Mohsen Shekari, 23 ans a été annoncé par la République islamique. Mohsen faisait partie des premières jeunes arrêtés au cours du soulèvement actuel. Il était accusé d’avoir bloqué la rue et dans l’altercation qui s’en est suivie avec un bassiji, de l’avoir légèrement blessé; des blessures tellement superficielles qu’elles n’ont même pas exigées de points de sutures.

Cette décision a été prise juste après que Khamenei, dans son discours ait fait référence aux « troubles » qui sont créés par des embouteillages et les voitures qui klaxonnent. Il a dit que ce sont les gens qui obligent, par la menace, les conducteurs à arrêter leur voiture en pleine autoroute ou boulevard créant ainsi des embouteillages et aussi en les obligeant à  klaxonner; que ces gens méritent d’être punis de façon la plus sévère et il a donné comme exemple les punitions dont le prophète a ordonné à son arrivée à la Mecque. Il aurait demandé, selon Khamenei, qu’on tue les personnes qu’il avait sur le champs mentionnées, parmi lesquelles quatre femmes. Khamenei a ajouté que le prophète aurait même  précisé comme punition qu’on pouvait les « marquer au feu » (véridique !!!) … »

Habib, le 9 décembre 2022

Trois jours de mobilisation

« Il semblerait d’ailleurs que la première journée ait été couronnée de succès. Non seulement les commerçants et ceux qui ont pignon sur rue ont respecté le mot d’ordre de la ville morte, mais même chez les fonctionnaires la grève a été assez suivie.

Malgré les difficultés de connexion internet les nouvelles de plus de cent villes sont sorties dans lesquelles de 50 à 100% des commerces étaient fermées et ont suivi le mot d’ordre de la grève.

-Selon des rapports reçus, environ cinq cents des ouvriers de Mahshahr Petrochemical Tanks and Terminal Company ont cessé leur travail depuis dimanche 13 décembre.

Ces ouvriers s’occupent du chargement des produits pétrochimiques pour l’exportation ainsi que de la réception des fournitures nécessaires aux fonctionnement des complexes. Ces travailleurs sont embauchés  par des sociétés contractuelles dans les unités d’extraction du gaz chez South Pars et d’autres pétrochimies. Leur revendications sont: l’augmentation des salaires, droit aux primes d’exploitation, le rejet des discriminations ; Mise en œuvre de la classification des emplois et bénéficier des mêmes conditions salariales que leurs collègues officiels.

-Un appel est lancé pour une grève générale dans l’industrie minière du pays. Nous étions informés de l’occupation et la mise à l’arrêt d’une exploitation minière de l’or au moment des journées de protestations au Baloutchistan. Mais, nous n’avons pas encore de précisions au sujet de ce dernier appel.

-Ces trois jours de mobilisation coïncident aussi avec la grève des camionneurs, des routiers et des chauffeurs de bus qui s’étend de jour en jour. Le terminal frontalier de Soumar à Kermanshah aussi a rejoint la grève

.-Le 30 novembre était officiellement « la journée de l’infirmière/er ». A cet occasion, les infirmières et les infirmiers de l’hôpital Imam à Téhéran se sont rassemblés et ont précisé qu’en solidarité avec les 3 jours de mobilisation et les contestation en cours, elles/ils ne célèbrent pas cette journée.

-Les même jour, 30 décembre, les agriculteurs de l’est et l’ouest d’Ispahan ont organisé un rassemblement dans la place Pazou pour protester contre la pénurie d’eau.

-De leur côté, les ouvriers contractuels de pétrole, du gaz et de la pétrochimie ont exprimé leur solidarité avec ces journées de lutte. »

«l’appel de la grève générale fonctionne », analyse Mahnaz Shirali, sociologue et politologue iranienne.

Cette invitation au soulèvement ne semble pas avoir d’origine définie, puisque les têtes pensantes de cette grève d’un nouveau type ne se manifestent pas. «C’est un mouvement de masse », explique la chercheuse, «un soulèvement reposant sur une volonté générale qui émerge, un collectif qui s’impose ».

Qu’attendre de la suite de cette grève générale ? « Sur le plan économique, pas grand-chose », soupire la chercheuse. « En Iran, le tissu économique est exsangue, et fonctionne à 5% de ses capacités ». Le régime survit depuis des années « sur les marchés offshores, les contrefaçons : le fer de lance de son fonctionnement repose sur l’économie souterraine », explique-t-elle. Dans les faits, « la grève des ouvriers est évidemment plus que notable, mais elle ne peut mettre à genoux une économie iranienne déjà paralysée ».

https://www.lefigaro.fr/international/en-iran-un-appel-inedit-a-la-greve-generale-qui-pourrait-paralyser-le-pays-20221206

« En Iran, en 2021, en seulement un an il y a eu plus de 4200 manifestations, et de grèves. Des grèves de travailleur.se.s pour la plupart, mais aussi des fonctionnaires, d’autres groupes. Ça fait quasiment 11 manifestations par jour pendant au moins 2-3 ans. Et en 2020 c’était à peu près la même chose. Différents groupes de la société se sont mobilisés, malgré le fait que tout est interdit. Car se syndiquer est un crime en Iran. Les leaders syndicaux sont emprisonnés.

Mais il y a quand même le syndicat des transports de Téhéran qui est très fort, les syndicats de certaines usines comme Haft Tapeh, de Foulad-e Ispahan. Dans les secteurs de la pétrochimie et du pétrole dans le sud de l’Iran aussi…

En fait, on parle de 3 révoltes. Parce qu’il y a eu la révolte de 2017, la révolte… l’insurrection de 2019 et là 2022.

Les deux dernières révoltes avant celle-ci, c’était vraiment la classe populaire, et ce pour la première fois. La crise économique a beaucoup joué. En 2009 par exemple, il y avait déjà eu le mouvement vert [2] et c’était plutôt la classe moyenne. Il y avait très peu de revendications, de slogans concernant la classe populaire et concernant les minorités.

Alors qu’en 2019 on voit que ce sont les périphéries de l’Iran qui sont dans la rue. La région arabe et en partie le Kurdistan. Il y a eu beaucoup de morts malheureusement parce que le niveau de répression est toujours plus élevé dans les régions périphériques : Baloutchistan, Arabe, Kurde, Turque.

Et là du coup, il y avait des slogans sur les questions de classe et des minorités ethniques. Et pour la révolte, la… le mouvement actuel, la classe populaire participe de manière très active, et la classe moyenne rejoint la classe populaire. Alors qu’en 2019, la classe moyenne reste à côté, elle regarde, elle a peur de perdre sa stabilité donc elle ne participe pas vraiment à la révolte. On avait très peu de soutien de Téhéran dans la rue. De manière individuelle, de la part d’activistes, oui. Mais sinon très peu de réponse du centre vers la périphérie. Cette fois-ci, la voix arrive à Téhéran et dans d’autres villes. Chaque jour il y a des manifestations à Ispahan, à Chiraz, à Yaz, à Téhéran.

Et ce n’est pas que politiquement, la crise économique joue aussi beaucoup. Le coût de la vie a doublé. Les gens ont du mal à trouver un logement, à louer. Ils ont du mal à finir le mois. Les camarades qui sont étudiant.e.s à Téhéran ont vraiment du mal à vivre avec leur petit salaire d’étudiant.e.s. Les familles qui ont 3 enfants, 4 enfants… Tout ça joue beaucoup pour que la classe moyenne glisse vers la classe populaire, et que le mouvement s’agrandisse.

Une autre particularité, c’est la question des femmes et du féminisme bien sûr. La question de classe était déjà présente mais autrement. Avant, beaucoup de gens pensaient que les revendications des femmes, la question du voile, c’était les revendications des femmes de classe moyenne, pas les leurs, pas celles de toutes les femmes. Mais au bout d’un moment, en voyant le niveau de répression, la police du hijab, on se rend compte que ça concerne tout le monde, que ça n’arrive pas seulement dans les grandes villes. Qu’il s’agit de la question du corps, de la répression et de la manière dont l’État traite ses citoyennes. »

https://lundi.am/Iran-Ne-parlez-pas-de-protestation-son-nom-est-devenu-Revolution

https://es.crimethinc.com/2022/09/28/revolte-en-iran-la-resurrection-feministe-et-le-debut-de-la-fin-du-regime

****************************************************************************************

CHINE

« Le soulèvement de Foxconn à Zhengzhou

Le lien explosif du travail et de la reproduction sociale en Chine »

Extraits en traduction DeepL

« Quelle est la signification de Foxconn Zhengzhou dans le paysage de la politique du travail en Chine dans son ensemble ?

YD : Comme je l’ai mentionné précédemment, la délocalisation de Foxconn de Shenzhen, où 18 suicides d’ouvriers ont choqué le monde en 2010, vers l’intérieur de la Chine, y compris Zhengzhou, n’est pas un cas isolé, mais élucide certains changements majeurs dans la structure industrielle de la Chine et dans la politique du travail en général1 .

Tout d’abord, à l’échelle nationale, avec l’augmentation du coût de la main-d’œuvre chinoise, les capitaux (y compris Foxconn) ont fui la Chine ou se sont déplacés vers ses régions intérieures à la recherche d’une main-d’œuvre moins chère. En conséquence, la fabrication de produits électroniques a remplacé la production de textiles en coton pour devenir le principal employeur de travailleurs peu qualifiés à Zhengzhou. Parallèlement, les services bas de gamme ont dépassé la fabrication à forte intensité de main-d’œuvre pour devenir le plus grand secteur employant des travailleurs peu qualifiés dans le pays. Dans le cadre de mes propres recherches, j’ai constaté que de nombreux travailleurs du textile licenciés sont passés au secteur des services, devenant des nounous post-partum et d’autres types de travailleurs sociaux.

Deuxièmement, en raison du déplacement du capital vers l’intérieur des terres et de l’industrialisation rapide qui en a résulté, certains changements fondamentaux sont intervenus dans la main-d’œuvre migrante chinoise. Alors que dans le passé, la majorité des travailleurs migrants quittaient leur ville natale, qui était généralement une région intérieure spécialisée dans l’agriculture, pour travailler dans les zones économiques spéciales (ZES) côtières, aujourd’hui, un nombre croissant d’entre eux deviennent des migrants à l’intérieur de la province, travaillant dans les villes voisines qui ont été rapidement industrialisées. C’est pourquoi, dans le cas de Zhengzhou Foxconn, plus de 90 % des travailleurs sont originaires du Henan, dont certains ont pu rentrer chez eux à pied lors du récent « grand exode ». En outre, la main-d’œuvre du secteur manufacturier vieillit rapidement, l’âge moyen étant d’environ 40 ans. En d’autres termes, ce ne sont plus les « filles et garçons d’usine » qui fabriquent nos iPhones, mais plutôt les oncles et tantes.

Troisièmement, chose surprenante pour beaucoup, la Chine a connu récemment un processus de « formalisation » du travail. En 2014, le gouvernement central a promulgué une nouvelle loi qui interdit aux employeurs d’embaucher des travailleurs détachés, qui sont des contractants temporaires recrutés par une agence de placement indépendante de l’entreprise – une pratique tristement célèbre pour Foxconn. Lorsque je travaillais à Zhengzhou Foxconn il y a quelques années, la plupart des nouvelles recrues se voyaient proposer un contrat officiel avec assurance sociale, du moins sur le papier. Pourtant, une grande partie de ces travailleurs de Foxconn préfèrent se transformer en main-d’œuvre informelle de facto : ils entrent dans l’usine, y travaillent pendant quelques mois, puis partent volontairement après la haute saison ; l’année suivante, beaucoup reviennent dans la même usine en tant que nouvelles recrues. Alors que par le passé, la main-d’œuvre migrante chinoise restait généralement dans la même usine ou la même ville pendant plusieurs années et ne se rendait chez elle qu’une fois par an, aujourd’hui, un emploi dans l’industrie manufacturière ressemble à un emploi temporaire dans la « gig economy » qui prévaut dans les sociétés néolibérales post-industrialisées. Dans l’article à paraître, j’appelle ce phénomène « gig manufacturing ».

Alors, comment expliquer cette énigme ? Pourquoi les travailleurs préfèrent-ils renoncer aux avantages liés à un contrat officiel et rester dans une position plus précaire ? Je soutiens que des dynamiques sont à l’œuvre tant au niveau de la production qu’au niveau de la reproduction sociale.

Au point de production, c’est-à-dire à l’atelier de fabrication de l’iPhone, comme l’entreprise a maintenu le salaire de base à un niveau très bas – presque identique au salaire minimum de Zhengzhou (2100 yuans/mois, soit environ 300 dollars/mois), tous les travailleurs comptent sur la possibilité de faire des heures supplémentaires pour gagner un revenu supplémentaire. Pendant la haute saison, généralement l’été avant la sortie des nouveaux produits Apple en septembre, un travailleur peut gagner jusqu’à 6000-8000 yuans/mois grâce à de longues heures supplémentaires. Mais après la haute saison, ils ne trouveront plus d’intérêt à ne faire que des heures normales.

Pendant ce temps, au niveau de la reproduction sociale, qui est essentiellement constituée par les familles des travailleurs dans les communautés rurales, on constate une intensification croissante de la demande de travail de soins aux enfants et aux personnes âgées – une demande hautement sexuée qui touche de manière disproportionnée les mères travaillant à Foxconn. Cette importance croissante du travail de soins est le résultat de la marchandisation rapide de la reproduction sociale, y compris la privatisation des soins aux enfants, aux personnes âgées et à l’éducation dans la Chine rurale.

Ensemble, ces facteurs créent un dilemme pour ces travailleurs : le besoin urgent de revenus en espèces pousse les parents ruraux, qui représentent une part importante de la main-d’œuvre, à venir travailler chez Foxconn ; d’un autre côté, la demande de la famille en matière de soins et de travail émotionnel attire les travailleurs, en particulier les mères, vers leur famille. En fin de compte, de nombreux travailleurs finissent par faire de cet emploi un travail saisonnier. »

« En raison du manque de vaccins efficaces et du fait qu’une grande partie de la population n’a reçu aucun vaccin ou moins des trois nécessaires pour une protection complète, les employeurs devront faire face à une main-d’œuvre malade, ce qui risque d’affecter la production autant que n’importe quelle fermeture

Xi n’avait guère le choix lorsqu’il a décidé d’assouplir les restrictions. Non seulement les manifestants l’ont appelé à démissionner lors d’explosions publiques sans précédent, mais le commerce avec le reste du monde s’était effondré et le chômage des jeunes avait grimpé en flèche.

Comme mesure de la stagnation avec laquelle Pékin lutte actuellement, l’inflation est tombée à seulement 2,5 % en octobre et l’inflation sous-jacente, hors éléments volatils tels que l’énergie et l’alimentation, s’élève à 0,6 %. L’absence presque totale d’inflation d’origine domestique révèle une économie bloquée au point mort. »

https://www.theguardian.com/world/2022/dec/09/vaccines-china-economy-growth-covid

« Certains experts ont averti que la réouverture pourrait entraîner une flambée de l’inflation, qui pourrait toucher l’économie mondiale ainsi que la Chine elle-même.

« La réouverture potentielle pourrait entraîner des défis inflationnistes en Chine », a déclaré Bruce Pang, économiste en chef chez Jones Lang Lasalle.

À mesure que les cas augmentent, « une augmentation de la demande, en particulier l’accélération de la consommation des ménages, et une perturbation à court terme de l’offre de main-d’œuvre, de la production et des chaînes d’approvisionnement », pourraient stimuler l’inflation, a déclaré Pang. »

https://www.theguardian.com/world/2022/dec/09/markets-optimistic-as-china-eases-covid-rules-but-experts-warn-of-danger-ahead

 « Si vous nous touchez, ça va devenir un nouveau Foxconn ici ! »

« Si l’heure semble être à une lente et très progressive réouverture, le quotidien de centaines de millions de Chinois continue d’être marqué par les contraintes sanitaires. Des étudiants ont manifesté contre le confinement de leur université dans l’est de la Chine, selon des vidéos publiées mardi 6 décembre sur les réseaux sociaux chinois….

Dans la vidéo, on voit des étudiants se disputer avec des représentants de l’université. « Si vous nous touchez, ça va devenir un nouveau Foxconn ici ! », crie un jeune en référence aux violentes manifestations d’ouvriers le mois dernier dans l’usine chinoise du géant taïwanais, qui fabrique les iPhone pour Apple. »

https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/12/06/en-chine-des-etudiants-manifestent-contre-le-confinement-de-leur-universite_6153178_3244.html

image.png

« …Nous sommes la population de bas étage dans l’ère de la prospérité, nous sommes les puissances étrangères qui crient fort dans l’obscurité, nous sommes les Hongkongais privés de patrie, nous sommes les Ouïghours privés de liberté… Nous nous auto-sauvegardons dans les centres de quarantaine obligatoire, nous nous libérons sous les chaînes métalliques… »

***********************************************************************************

UKRAINE

« Mais certains sont plus égaux que d’autres ». 

Comment les coupures de courant après les bombardements montrent les contradictions sociales à Kharkivimage.png

« Des enseignes étincelantes dans les magasins et les pharmacies, des escalators dans les centres commerciaux, des ascenseurs, des cafetières, des micro-ondes, des bouilloires, des chauffages dans les bureaux des administrations et des entreprises. Quelqu’un est sans lumière pendant 7-8 et même 12-14 heures, et pour quelqu’un du café chaud fraîchement moulu avec un beignet chaud au bureau, car sinon les engrenages dans la tête du maître ne tourneront pas. Pendant la guerre, tous sont unis, mais certains sont plus unis, comme d’habitude. Nous n’aborderons pas dans cet article la question de l’exportation de l’énergie économisée par les arrêts de production à l’étranger, car il s’agit plus de politique que d’économie. Parlons de choses plus terre à terre, que l’on appelle dans le monde occidental le capitalisme du désastre »

la totalité de l’article in english sur :

https://libcom.org/article/some-are-more-equal-others-how-blackouts-after-shelling-show-social-contradictions-kharkiv

********************************************************************************************

« Les travailleurs et le marché du travail en Russie à l’ère de la guerre et des sanctions »

extraits

« Le déclenchement d’hostilités accrues en Ukraine en février 2022 a ravivé l’intérêt du public mondial pour la situation économique de la Fédération de Russie (FR) – en particulier dans le contexte des exportations de pétrole et de gaz, du financement des armements et des conséquences des sanctions imposées par l’Occident. Cependant, il convient également de se demander comment la situation des travailleurs en Russie a changé. À quoi ressemble actuellement le pouvoir de négociation structurel et organisationnel des travailleurs ? Et la crise actuelle entraînera-t-elle des soulèvements de masse contre la guerre et le pouvoir de Poutine ?…

La première phase du conflit en Ukraine (2014-2016) et l’introduction de sanctions occidentales contre la Fédération de Russie n’ont pas causé un grand choc. Il n’y a pas eu de vague de chômage et une détérioration radicale des conditions de vie. Cependant, les salaires réels ont systématiquement commencé à baisser, ce qui pourrait être le résultat d’un certain nombre de facteurs, dont les sanctions occidentales. À ce jour, les revenus ont chuté d’au moins 10% à ce jour, bien qu’il existe certaines analyses de réductions encore plus importantes. Avec la pandémie de COVID-19 en 2020, la situation a commencé à se détériorer en ce qui concerne la déstabilisation croissante de l’emploi, l’exploitation et les violations des droits des travailleurs. Les réglementations sanitaires ont été utilisées pour lutter contre les protestations sociales.

Le déclenchement de nouvelles hostilités le 24 février 2022 et l’introduction de sanctions économiques radicales par l’Occident n’ont pas provoqué l’effondrement brutal de l’économie russe auquel certains experts s’attendaient. Cependant, la détérioration économique est inévitable à long terme. La baisse du PIB de la Russie atteindra environ 5 % d’ici la fin de l’année, bien qu’une contraction économique pouvant atteindre une douzaine de pour cent ou plus ait déjà été prédite. Le Kremlin tente de se convaincre qu’il contrôle la situation économique, comme en témoignent le fort taux de change du rouble et le maintien d’un taux de chômage bas. D’autre part, de plus en plus de statistiques économiques sont systématiquement dissimulées. En fait, le chômage officiel reste faible, mais on ne peut pas, par exemple, dire aujourd’hui (au moment où j’écris ces mots, les données de septembre sont disponibles) comment l’emploi à temps partiel a augmenté. Ces données ont cessé d’être publiées. Mais même les statistiques et les analyses publiées ne laissent aucune illusion sur le fait que de nombreuses industries connaissent des baisses radicales de production, telles que les industries métallurgiques et automobiles. La demande intérieure a nettement baissé. Etc. Les perspectives économiques de la Russie pour 2023 sont pires que pour cette année. »

**********************************************************************************************

STATES

Inflation? What inflation?

*************************************************************************************

Royaume-Uni en stagflation alors que la récession de 2023 se profile

« La Grande-Bretagne est en stagflation – avec une inflation en flèche, une croissance négative, une baisse de la productivité et des investissements des entreprises. Les entreprises voient des opportunités de croissance potentielles, mais le manque de « raisons de croire » face aux vents contraires les pousse à suspendre leurs investissements en 2023.. »

https://www.theguardian.com/business/live/2022/dec/05/uk-2023-recession-oil-opec-output-cuts-services-sector-car-sales-business-live

« Etonnez-moi Benoît,

Etonnez-moi car de vous à moi

Cela ne peut pas

Cela ne peut pas durer comme ça »

« Le Royaume-Uni est-il vraiment confronté à un deuxième hiver de mécontentement  ? »

« La Grande-Bretagne est confrontée à un hiver de grèves, alors que l’action industrielle dans les chemins de fer s’étend aux services de santé et à d’autres secteurs clés de l’économie. La vague de mécontentement est telle que plus d’un million de jours ouvrables pourraient être perdus en raison de conflits en décembre, soit le chiffre le plus élevé depuis 1989, pendant les dernières années de pouvoir de Margaret Thatcher.

Avec une inflation au taux le plus élevé depuis 41 ans et la crise du coût de la vie, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi les travailleurs font pression pour obtenir de meilleurs salaires. C’est d’autant moins surprenant qu’il s’agit de la pire décennie pour la croissance du salaire moyen depuis les guerres napoléoniennes, avec des baisses de salaire importantes en termes réels pour de nombreux travailleurs du secteur public.

C’est dans ce contexte que le gouvernement de Rishi Sunak étudie les possibilités de réprimer les travailleurs en grève. Toutefois, il s’agit d’une stratégie à haut risque qui pourrait définir l’approche du Premier ministre vis-à-vis des travailleurs, à un moment où l’opinion publique soutient largement les grévistes.

Malgré cela, malgré les gros titres, la Grande-Bretagne n’est pas confrontée à une copie conforme de l’hiver de mécontentement de 1979, qui a contribué à la chute du gouvernement travailliste de James Callaghan.

Graph Le pire mois de l’après-guerre pour les actions syndicales au Royaume-Uni a été septembre 1979, avec près de 12 millions de jours de travail perdus.( sic !)

Jusqu’à présent, les actions de grève ont été confinées à des poches de l’économie, et au secteur public en particulier. Cela reflète en grande partie la réduction de moitié du nombre de membres des syndicats, qui a atteint un pic de plus de 13 millions au cours de la décennie des pantalons évasés et de la Ford Capri, après des années de législation plus stricte visant à limiter le pouvoir des syndicats.

Le contexte économique pourrait également rendre plus difficile la tâche du gouvernement pour faire face aux revendications syndicales.

Alors que le choc énergétique provoqué par la guerre de la Russie en Ukraine fait grimper l’inflation à plus de 11 %, le taux le plus élevé depuis 41 ans, les ménages britanniques devraient subir la plus forte baisse de leurs revenus depuis 1956. Les prévisions de l’Office for Budget Responsibility suggèrent que huit années de progrès seront effacées, ramenant effectivement le niveau de vie à celui de 2013. La crise est due au fait que les salaires ne suivent pas pour la majorité des gens, plutôt que pour quelques travailleurs syndiqués.

En outre, les travailleurs du secteur public sont les plus touchés. Les chiffres officiels montrent que la croissance des salaires a pris le plus grand retard jamais enregistré par rapport au secteur privé, avec une croissance des salaires de seulement 2,2% – nettement inférieure à 6,6% dans le secteur privé, et une inflation à deux chiffres.

Pour Sunak, il sera difficile d’argumenter qu’une répression des droits des travailleurs, plutôt qu’une augmentation des salaires, pourrait aider à réduire les listes d’attente record du NHS et les temps d’attente des ambulances, ou aider à respecter la promesse du manifeste conservateur d’embaucher des milliers d’infirmières, d’enseignants et de policiers supplémentaires.

Rien qu’en Angleterre, les postes vacants au sein du NHS atteignent le chiffre record de plus de 133 000, tandis que des preuves anecdotiques suggèrent que certains soignants ont échangé leur emploi contre un salaire plus élevé dans un entrepôt Amazon.

Le gouvernement a tenté de faire valoir que des augmentations de salaire plus importantes étaient inabordables, avec des emprunts publics proches des sommets de l’après-guerre, des niveaux de dette nationale historiquement élevés et des avertissements selon lesquels mettre plus d’argent dans les poches des travailleurs risque d’alimenter des pressions inflationnistes persistantes.

Bien qu’ils soient conscients de ces risques, de nombreux économistes ont des doutes, soulignant plutôt la contribution de la flambée des coûts de l’énergie et de l’alimentation que celle des salaires des travailleurs. C’est notamment le cas de Swati Dhingra, responsable de la fixation des taux à la Banque d’Angleterre, qui a déclaré que la Grande-Bretagne était loin d’être confrontée à une « spirale salaires-prix », dans laquelle les travailleurs exigeant des salaires plus élevés conduisent les entreprises à augmenter leurs prix.

Contrairement à ce qui s’est passé dans les années 1970, l’action syndicale est aujourd’hui une réponse à la hausse de l’inflation, plutôt qu’un moteur de celle-ci. »

https://www.theguardian.com/uk-news/2022/dec/08/is-the-uk-really-facing-a-second-winter-of-discontent

*********************************************************************************************

BELGIQUE

un « tsunami de l’indexation » résultant d’une inflation élevée, qui a atteint 12,27% en Belgique en octobre, le taux le plus élevé depuis 1975.

« la Belgique semble avoir trouvé la réponse à la crise du coût de la vie qui secoue l’Europe. Dans ce pays prospère où les syndicats restent relativement puissants, les salaires, les retraites et les allocations augmentent automatiquement en fonction de l’inflation

Le plus gros problème est peut-être que les prix de l’énergie augmentent beaucoup plus rapidement que l’inflation générale : le prix du gaz naturel était de 64 % plus élevé en novembre 2022 qu’au même mois l’année précédente, tandis que l’électricité a augmenté de 42 %. Dans ce contexte, ce n’est pas une consolation que les achats occasionnels dans le panier de l’inflation, tels que les téléviseurs et les smartphones, soient devenus moins chers

Paul De Grauwe, économiste à la London School of Economics et ancien député et sénateur belge  ne voit pas les syndicats entamer une grande campagne d’agitation industrielle, soulignant que « le travailleur, le chômeur et le retraité belges moyens » n’ont pas perdu de pouvoir d’achat par rapport aux habitants du Royaume-Uni, où il y a une « absence totale » de mécanisme d’indexation. »

https://www.theguardian.com/world/2022/dec/06/im-in-crisis-every-day-prices-outpace-belgians-inflation-matched-pay

***********************************************************************************

ESPAGNE

« Le coût de la vie est le problème qui inquiète le plus »

« L’inflation a repris son souffle et l’Espagne vient de devenir le pays de la zone euro avec la plus faible croissance des prix (6,6% contre 10% en moyenne dans les pays à monnaie unique). Malgré tout, cela continue d’être la principale préoccupation des Espagnols, selon le baromètre de décembre d’EL PAÍS et de Cadena SER. Le coût de la vie est le problème qui inquiète le plus (70,7%), loin de tous les autres, sur un ensemble de sept sur lequel l’institut de sondage 40dB. a-t-il demandé à ses répondants. Cette inquiétude a même augmenté le mois dernier et a augmenté de deux points.

C’est tout le contraire qui se passe avec la guerre en Ukraine. La prolongation du conflit amène les citoyens à le percevoir de moins en moins comme l’un des problèmes les plus pressants. Si dans le baromètre de novembre, 43,3% des sondés se disaient très inquiets, le chiffre est désormais tombé à 38,6%. En revanche, la dépendance énergétique se classe comme le deuxième casse-tête majeur des citoyens, avec 44,6% répondant qu’ils sont très inquiets. Sur les sept problèmes que l’enquête – les cinq autres sont l’inflation, les inégalités sociales et la pauvreté, le chômage, le changement climatique et l’immigration – la guerre déclenchée par Vladimir Poutine occupe l’avant-dernière place parmi les préoccupations, devant seulement les mouvements migratoires. »

https://elpais.com/espana/2022-12-05/desciende-la-preocupacion-de-los-espanoles-por-la-guerra-de-ucrania.html


« L’absentéisme au travail a grimpé de 12 % au cours de la dernière année. Plus de 1,2 million d’Espagnols ne vont pas à leur travail tous les jours , la majorité avec un congé de maladie, mais 22% – et cela augmente également – ne justifie même pas leur absence. »

https://www.elmundo.es/economia/2022/12/08/6390e82a21efa03b4c8b45e2.html

*****************************************************************************************

En Grande-Bretagne et en France, le vol à l’étalage monte en flèche

« Les incidents de vol à l’étalage ont augmenté de 18% au cours des 12 mois jusqu’en juin »

https://www.scmp.com/news/world/europe/article/3200373/britain-shoplifting-soars-desperate-consumers-contend-highest-inflation-decades?fbclid=IwAR1VsGuLk0stqXT21pW09O4IzkdfcaYtr2t1EDu0Env8BppTzxABQxHdp9U

Chez Aldi, au Royaume-Uni, ils foutent des antivols sur le lait, le beurre, le pain, le fromage ( Cheddar ), le Bacon, etc., tous les produits de 1ere nécessité.


image.png

France

« Les vols à l’étalage en augmentation

Comment ne pas y voir un effet de la conjoncture ? Selon les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur, les plaintes pour des vols à l’étalage ont augmenté de 17 % entre janvier et août 2022 par rapport à la même période l’an dernier. »

et du camarade grec Vladimiros

« Même chose en Grèce, où les supermarchés installent des dispositifs antivol sur des produits comme le lait maternisé. »


***********************************************************************************************

FRANCE

« Réforme des retraites : vers un « conflit social majeur » en janvier, selon les syndicat

Dans un communiqué commun diffusé au cours de la soirée, lundi 5 décembre, huit syndicats de salariés et cinq mouvements de défense de la jeunesse se disent « prêts » à des « grèves et manifestations » en début d’année si le gouvernement maintient son projet de reporter à 64 ou à 65 ans l’âge d’ouverture des droits à une pension. »

https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/12/06/reforme-des-retraites-vers-un-conflit-social-majeur-en-janvier-selon-les-syndicats_6153132_823448.html

Grève à la SNCF : la mobilisation de la base des contrôleurs bouscule les syndicats

Après un premier week-end de grève remarqué, les contrôleurs SNCF menacent de remettre le couvert pour les fêtes de fin d’année si la direction n’accède pas à leurs demandes. Parti d’un collectif « apolitique », ce mouvement déborde les organisations syndicales.

Parti d’abord sans les syndicats, le collectif a désormais le soutien des fédérations, de la CFDT à l’Unsa, en passant par Sud Rail et Force ouvrière… à l’exception notable de la CGT, pourtant syndicat majoritaire dans la profession. Interrogée sur son absence de soutien aux grévistes, la fédération ne nous a pas répondu.

« Quand le mouvement se fait sur des revendications concernant un métier en particulier, la CGT est frileuse, peut-être parce qu’ils considèrent que ça nuit à l’intérêt général », avance Philippe Herbeck, secrétaire de FO Cheminots. « Pour que la CGT vous soutienne, il faut que vous ayez une carte à la CGT », estime Erik Meyer, secrétaire fédéral de Sud Rail.

Les contrôleurs s’organisent en dehors des structures syndicales

« La CGT ne nous soutient pas mais dans notre collectif on a des délégués syndicaux locaux, des militants de base de tous les syndicats, y compris de la CGT », annonce Paul*, l’un des membres fondateurs du collectif. « D’ailleurs le plus grand risque est pour la confédération qui se coupe de leur base en ne nous soutenant pas parce que, sur le terrain, nos collègues syndiqués à la CGT font grève avec nous », ajoute Olivier, un autre des membres du collectif.

Contrôleur à Marseille, Olivier fut l’un de ceux à l’origine d’un groupe de discussion WhatsApp en juin 2022 où des chefs de bord de Provence partageaient incidents du quotidien et inquiétudes pour la suite, sur leur statut, leur parcours professionnel, leur grille salariale. Rapidement le groupe de discussion a tant et si bien grandi qu’il est devenu un groupe Facebook au niveau national, qui compte désormais plus de 3 200 membres et un collectif, capable de négocier dur avec la direction… À la grande surprise de Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF qui déclarait la semaine dernière lors d’une conférence organisée par le magazine Challenges : « C’est une grève qu’on n’a pas vu arriver, ni nous ni les syndicats. »

Si désormais le collectif est accompagné par quatre des cinq syndicats de la profession, la relation entre le collectif et les organisations syndicales n’avait pas démarré sous les meilleurs auspices. Dès l’entrée sur le groupe Facebook des contrôleurs, un message alerte : « Les ASCT se foutent complètement des guéguerres syndicales alors merci de ne pas le faire sur le site. » Et quand on les interroge, les membres du collectif ne disent pas autre chose.

Paul qui préfère au terme de « contrôleur » celui de « chef de bord » spécifie toujours qu’il parle au nom du collectif, « apolitique et non syndiqué », et met à distance, à plusieurs reprises, les fédérations quand il égrène des revendications qui leur sont pourtant communes.

Un nombre toujours plus réduit de représentants du personnel

De son côté, Olivier ne s’étonne guère que la mobilisation soit partie sans les organisations : « Depuis des années, nos revendications ne sont pas prises en compte, ni par nos syndicats, ni par notre direction. On a dû tordre le bras à nos syndicats pour qu’ils s’occupent de nous. » Et de s’attrister du manque de soutien de la part du syndicat majoritaire : « Pendant des années, on a été le bras armé des grèves de la CGT parce que quand on ne travaille pas, les trains ne roulent pas et la grève est visible. Sauf qu’on fait toujours grève pour des revendications globales, pour soutenir les autres, mais jamais pour nous-mêmes. »

Désormais, les négociations avec la direction se mènent avec trois des membres du collectif et les représentants des quatre syndicats qui ont embrayé. Au cours des négociations qui démarrent aujourd’hui, une table ronde sera dédiée spécifiquement aux demandes des chefs de bord, le jeudi 8 décembre. À l’occasion du lancement des discussions, un préavis de grève a été déposé pour ce mercredi 7 décembre par la CGT, la CFDT et Sud Rail avec pour mot d’ordre « l’augmentation générale des salaires » et « la reconnaissance de l’expertise, de la qualification et de l’ancienneté des cheminotes et des cheminots tout au long de leur carrière ».                                                           

Interrogés sur la spécificité de la mobilisation des contrôleurs, partie de la base, les syndicats expliquent le détachement avec leurs structures par le nombre toujours plus réduit de représentants du personnel depuis les ordonnances Macron de 2017 et la fusion des anciennes instances représentatives (délégués du personnel, CHSCT et comité d’entreprise) dans le Comité social et économique (CSE).

Avec ce collectif, la boîte ne récolte que ce qu’elle a semé en cassant la représentation du personnel.

Erik Meyer, secrétaire fédéral de SUD-Rail.

« À la SNCF, la mise en place de l’instance unique s’est faite n’importe comment, on a perdu 70 % des délégués du personnel, explique Erik Meyer. Maintenant on a des instances uniques qui doivent traiter de tous les sujets mais qui, en plus, ont des périmètres géographiques très larges. » Et de prendre l’exemple du CSE de l’axe TGV Sud-Est, une instance censée représenter à peu près quatre mille agents de Paris à Montpellier en passant par Nice, Lyon ou encore Chambéry. « Une trentaine d’élus ne peuvent pas couvrir tout ce territoire en étant tout le temps sur le terrain. Et comme la représentation s’éloigne, les agents s’organisent entre eux. Donc, avec ce collectif, la boîte ne récolte que ce qu’elle a semé en cassant la représentation du personnel. »

Même constat du côté de Didier Mathis, à la tête de l’Unsa ferroviaire : « Avant ces ordonnances, les délégués du personnel étaient élus au niveau de l’établissement et avaient les moyens de pouvoir tourner auprès du personnel. Aujourd’hui, avec le CSE, on ne peut plus le faire parce que nos élus sont accaparés à 100 % par leurs missions. Ils sont moins nombreux, moins disponibles et doivent gérer des secteurs parfois énormes. À la SNCF, notre plus grand CSE est censé représenter 13 500 agents. »

Si Sud, qui s’est toujours vécu comme un syndicat accompagnant les mouvements sociaux, accepte volontiers de servir d’« outil » aux mobilisations des salariés, d’autres voient dans le succès de ce collectif, le reflet de leur échec dans un corps de métier pourtant parmi les plus syndiqués.

« Il y a une crise de défiance des Français, des cheminots y compris, envers les organisations, poursuit Didier Mathis.C’est inquiétant pour nous parce les agents devraient nous solliciter directement mais on paye là la rupture du contact quotidien des élus avec les salariés qu’a instauré l’installation du CSE et aussi un manque de formation au droit du travail pour les contrôleurs, qui est complètement imputable à la direction. » « Quand la tension monte dans une profession, ça a tendance à s’organiser d’abord hors syndicat, poursuit Philippe Herbeck. Ils se mobilisent sur des revendications très spécifiques que nos fédérations ne mettent pas forcément en avant, au profit des revendications transverses de l’ensemble des cheminots. »

Une longue liste de revendications catégorielles

Lors des négociations annuelles, ce sera donc au collectif que la parole sera donnée pour représenter les chefs de bord. Et la liste des doléances est longue.

Paul travaille depuis vingt ans en tant que chef de bord. Ses notes sous les yeux, il revient sur plusieurs de leurs revendications, toutes assez spécifiques au métier de contrôleur.

D’abord, l’agent SNCF s’inquiète d’avancer trop lentement sur une grille salariale trop large : « Depuis quatre ans, on évolue avec des agents qui sont sédentaires, sur la même grille salariale et, souvent, ils avancent plus vite que nous alors que nos collègues en gare n’ont pas les contraintes que nous avons, notamment celle d’être très souvent en déplacement. » Selon les calculs du collectif, les chefs de bord dorment en tout huit ans hors de leurs foyers sur toute leur carrière. « Et on fait jusqu’à dix déplacements par mois, en plus d’être en horaires décalés », détaille-t-il. Aussi, le collectif demande une grille salariale propre aux contrôleurs, leur permettant un déroulement de carrière plus adapté aux spécificités de leur métier…

Le collectif porte aussi plusieurs revendications salariales dont la plus importante est l’intégration des primes au salaire de base pour qu’elles soient prises en compte dans le calcul de la retraite. Ces primes sont indexées sur les trajets réalisés et ne sont donc pas versées en cas d’arrêt maladie ou lors des congés. « Et elles représentent quand même un tiers de notre salaire »

https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/071222/greve-la-sncf-la-mobilisation-de-la-base-des-controleurs-bouscule-les-syndicats

****************************************************

14 pièces jointes — Télécharger toutes les pièces jointes Afficher toutes les images
image.png
783K Afficher Télécharger
image.png
851K Afficher Télécharger
image.png
630K Afficher Télécharger
image.png
792K Afficher Télécharger
image.png
143K Afficher Télécharger
IRAN MAINS LIBRES.jpg
66K Afficher Télécharger
image.png
665K Afficher Télécharger
image.png
718K Afficher Télécharger
image.png
109K Afficher Télécharger
image.png
435K Afficher Télécharger
image.png
648K Afficher Télécharger
image.png
515K Afficher Télécharger
image.png
577K Afficher Télécharger
image.png
408K Afficher Télécharger

« Nous sommes les oiseaux de la tempête qui est là »  le 3 décembre 2022

« Pour nous, les luttes ne sont pas un environnement douillet, une toile de fond destinée à mettre nos idées en valeur, elles sont le problème. Et si nous n’y sommes jamais complètement chez nous, même quand nous y participons, c’est que dans cette société il n’y a pas de place pour le communisme. Les questions que nous posons aux luttes telles qu’elles sont, nous les posons du point de vue du dépassement et de la rupture, du point de vue de ce qui craque, du point de vue des tensions et des déchirements, et ça n’est jamais confortable.» Carbureblog


****************************************************************

CHINE

« Les protestations de la Chine : signe avant-coureur ou tempête passagère ? »

Extraits traduits avec DeepL

« Les manifestations semblent être une véritable manifestation de colère interclassiste, avec des jeunes et des travailleurs instruits qui se rassemblent dans tout le pays. La cause aiguë de cette protestation est la frustration suscitée par le programme « Covid zéro ». Cette politique a eu des effets à la fois généralisés et concentrés. Les médias occidentaux ont bien rendu compte des effets généraux de la réduction de la croissance économique et des problèmes quotidiens liés au port du masque, aux tests et aux restrictions de voyage. Cependant, au-delà de ces impacts, la politique s’est abattue de manière disproportionnée sur les pauvres qui ont besoin d’emplois pour survivre, sur ceux qui ont perdu toutes leurs économies à cause des entreprises familiales détruites par le covid, et sur les innombrables personnes qui ont souffert des quarantaines forcées.

Les manifestants n’ont pas limité leurs demandes aux seules restrictions du Covid. Des vidéos circulent de chants réclamant la liberté d’expression, la liberté des Ouïghours et même l’éviction de Xi. Au-delà de Covid Zero, les frustrations résultant de la gouvernance de plus en plus autocratique de Xi se manifestent.

À court terme, Xi a deux décisions à prendre : comment gérer Covid Zero et avec quelle sévérité réprimer les manifestations de rue et en ligne. La principale inconnue est le degré d’élan durable derrière le mouvement populaire actuel, et la manière dont les décisions concernant la politique de Covid et la répression auront un impact sur l’opinion publique et sur l’intensité et l’ampleur des manifestations de rue…

Cela dit, il est peu probable que ces protestations se transforment en une préoccupation permanente attirant des dizaines de milliers de personnes ou s’étendant sur plusieurs mois. Les Hongkongais ont eu plusieurs séries de protestations dans les années 2010 pour apprendre et s’organiser avant l’été et l’automne 2019. De petites actions comme la campagne de syndicalisation de l’usine Jasic en 2018 sont loin d’Occupy Central et du Mouvement des parapluies. Hong Kong a également bénéficié de communications sécurisées sur Signal et Telegram ainsi que d’une force de police qui, dans les premières semaines, était à la fois trop douce dans la répression et trop indisciplinée pour ne pas créer des moments viraux de violence »

https://www.chinatalk.media/p/chinas-protests-harbinger-or-passing?fbclid=IwAR1NN37vDdXbzCyYFCt8rAt8MXDHzLj9DqyL_tbvlHOPuvxeV4S23BoN6Yc

« Le meilleur article jusqu’à présent sur le contexte des #WhitePaperProtests, les situant dans le contexte global des efforts du capital pour réduire la vie au travail, la crise de la reproduction sociale, et la « résistance collective à la mort sociale » »

 « S’échapper de la boucle fermée »

 extrait

« Ceux qui étaient en dehors des boucles fermées avaient aussi leurs griefs et leurs formes de résistance. La périphérie de Shanghai a été témoin d’émeutes de la faim, car de nombreux travailleurs migrants démobilisés vivant dans des logements informels avaient passé des semaines sans revenu ni livraison de fournitures fournies par le gouvernement. Dans au moins un cas, des personnes ont réquisitionné la cargaison d’un camion de légumes, jetant le contenu librement à la foule rassemblée.

Si ces luttes pour la survie biologique et sociale sont bien sûr façonnées par les particularités du confinement, il existe un fil conducteur qui les relie aux actions pré-COVID-19 des migrants marginalisés : l’exigence d’une relative proximité de vie et de travail. Avant le COVID-19, les migrants ruraux étaient venus en ville pour chercher du travail salarié comme moyen de survie, car ils ne pouvaient tout simplement pas subvenir à leurs besoins en restant à la ferme. Mais étant donné le régime de citoyenneté infranational de la Chine, les efforts visant à relocaliser la reproduction sociale dans la ville se sont heurtés à des obstacles constants et à des expulsions. Les communautés migrantes se sont alors efforcées de construire un monde social, incluant l’école et le logement, relativement proche de leurs espaces de travail.Le confinement de Shanghai représente l’inverse spatial, tout en exprimant la même logique politique. Plutôt que de séparer les espaces de travail et de vie, la boucle fermée effondre les deux, de sorte que tous les processus de reproduction sont censés se dérouler sur le lieu de travail. La proximité relative du travail et de la vie signifie que les deux ne doivent pas être dans les mêmes limites. La boucle fermée coupe les travailleurs de toute vie sociale significative et les réduit à une simple force de travail. Mais les travailleurs ont résisté à cet effort pour imposer un contrôle dictatorial sur les mouvements corporels tout en exigeant la productivité du capital. Les gens ne seraient pas maintenus en vie simplement en tant que travail vivant pour le patron. »

«Même si les mouvements semblent « spontanés », presque des happenings qui surgissent brusquement, ils s’appuient néanmoins sur des formes de solidarité qui échappent à l’État-Parti, lequel se défie de toute organisation alternative : les ouvriers sont collègues, ils partagent des chambrées à douze, et se regroupent souvent en fonction de leur localité d’origine. Le maillage est certes lâche, pas bien coordonné, et sans leaders apparents, mais ces petites solidarités se superposent et peuvent très vite se consolider quand les ouvriers sont confrontés à des injustices patentes et qu’ils font l’expérience commune de la lutte. »

 « Je ne vois pas comment cet embrasement s’arrêterait »

Il y a une semaine, les ouvriers de la plus grosse usine de production d’iPhone se révoltaient, ouvrant la voie à un mouvement de protestation dans toute la Chine, exaspérée par la politique « zéro Covid ». Entretien avec la sociologue Jenny Chan, spécialiste du monde ouvrier chinois.

HongHong Kong (Chine).– Depuis quelques jours, la société civile chinoise est en ébullition. Partout, de Canton à Pékin, en passant par Shanghai, Nankin ou Xian, des centaines et parfois des milliers de personnes défilent dans la rue et sur les campus, clamant haut et fort leur exaspération et dénonçant avec force slogans les souffrances imposées par les mesures sanitaires très strictes d’une politique « zéro Covid » qui dure depuis bientôt trois ans.

Mi-octobre, puis à nouveau fin novembre, plusieurs dizaines de milliers de travailleurs et travailleuses de l’usine Foxconn de Zhengzhou, dans le Henan, ceux-là mêmes qui fabriquent les iPhone 14 Pro et Pro Max d’Apple, avaient ouvert la voie à l’expression de ce ras-le-bol généralisé.

Sur place, dans cette ville-usine, sans la possibilité d’établir un véritable dialogue social et pour les ouvriers de faire entendre leur voix et leurs inquiétudes, la peur a fini par l’emporter. 

Pour mieux comprendre la situation, la professeure de sociologie Jenny Chan, de l’université polytechnique de Hong Kong, elle-même autrice d’une thèse sur Foxconn au début des années 2010 – « Dying for an iPhone » et coautrice du livre La machine est ton seigneur et ton maître (Agone) – et s’intéressant toujours de près aux évolutions de ce site qui emploie jusqu’à 300 000 ouvriers et ouvrières, nous éclaire sur les enjeux présents et à venir d’un monde ouvrier qui n’a, comble de l’ironie, bien souvent à perdre que ses chaînes.

Mediapart : Le mouvement de protestation actuel en Chine a débuté il y a tout juste une semaine à Zhengzhou, dans l’usine Foxconn. Est-ce un signe d’une plus grande maturité des demandes du monde ouvrier, ou la réaction est-elle plus contextuelle, liée à l’exaspération provoquée par les mesures anti-Covid ?

Jenny Chan : C’est vraiment le signe d’une exaspération, d’un ras-le-bol rendu d’autant plus insupportable que les ouvriers n’ont personne vers qui se tourner : les autorités locales agissent comme des subordonnés de la direction de l’usine et le syndicat officiel est totalement absent. Il s’agissait pour eux d’évacuer un trop-plein de colère. Si les manifestants s’en sont pris aux cabines de test et aux caméras de surveillance, c’est bien le dispositif mettant leur vie en danger qu’ils visaient, sinon ils s’en seraient pris à leur outil de production… ce qui n’a pas du tout été le cas.

Il est également intéressant de constater qu’en dépit d’une prétention du pouvoir à contrôler plus étroitement la société et les espaces d’expression en ligne depuis quelques années, on a en réalité bénéficié d’une très grande visibilité sur ce qui se passait sur le terrain, plus même qu’il y a dix ans. Les travailleurs ont eu recours à Bilibili, Douyin et d’autres plateformes pour diffuser des vidéos et des documents, notamment les nouveaux contrats et les directives de Foxconn, autant de choses qui n’ont plus d’existence papier mais qui sont envoyées depuis les comptes numériques officiels de l’entreprise, indiquant aussi les rémunérations et toutes les retenues – pour la nourriture, le logement et les différents fonds de sécurité sociale. Le mensonge est donc apparent, quasiment en temps réel.

Le fait de pouvoir filmer les choses, restituer la réalité brute en élargissant le cadre et l’action en temps réel via des “live streams” change complètement la donne.

Sur les réseaux sociaux, j’ai moi-même pu constater que sur certains groupes WeChat plus aucune image des heurts violents des 22 et 23 novembre n’apparaissait, alors que les images de l’exode d’octobre avaient largement circulé. En revanche, de nombreuses vidéos ont circulé sur Twitter, pourtant interdit en Chine, depuis des comptes en chinois, et il n’est pas à exclure que des ouvriers aient eu recours à des VPN, ce qui était plutôt l’apanage des intellos, des activistes et des classes moyennes auparavant.

Le fait de pouvoir filmer les choses, restituer la réalité brute en élargissant le cadre et l’action en temps réel via des live streams change complètement la donne. Ça n’a plus rien à voir avec mon expérience de 2010 lorsque j’enquêtais sur les suicides à répétition dans l’usine Foxconn de Shenzhen. Cette fois, les travailleurs filmaient les affrontements en direct depuis leur dortoir au 7e ou 8e étage. Et peu importe la source au final, ce qui compte c’est la multiplicité des points de vue et la capacité à les faire circuler très vite.

Malgré la censure, les termes de recherche bannis pendant plusieurs jours (« émeutes » ; « Hon Hai », le nom en Chine de Foxconn ; etc.) et la non-existence du phénomène dans la presse officielle, l’information continue d’être disponible.

Et la colère va au-delà de la classe ouvrière…

Avec ce qui se passe un peu partout en Chine après l’incendie à Urumqi, au Xinjiang, lequel a fait dix morts surtout parce que les secours ont tardé à arriver en raison des mesures de filtrage et de restriction d’accès liées à la politique « zéro Covid », on sent bien que l’exaspération est à son comble.

Des manifestations « spontanées » ont eu lieu partout en Chine durant le week-end dernier, avec des modes d’expression semblables et des slogans se faisant écho. Jusque et y compris à Hong Kong, sur le campus de Hong Kong University notamment [depuis aussi et plus massivement sur les campus de Hong Kong Baptist University et Chinese University of Hong Kong – ndlr]. Et tout cela alors que les chiffres d’infection n’ont jamais été aussi hauts – avec plus de 30 000 cas par jour à l’échelle du pays, et bientôt beaucoup plus.

En Chine continentale, les autorités ont réagi en réprimant et en isolant, voire en interdisant l’accès à la rue Urumqi, à Shanghai, afin de prévenir les manifestations à répétition.

Les mobilisations en ligne qui se traduisent par des mobilisations effectives, dans les usines et dans la rue, méritent donc d’être étudiées de plus près, car en dépit de la censure, la toile chinoise est un lieu d’affrontement et de débat dans lequel l’État veut dire sa « vérité » et les opprimés font entendre leur voix. Foxconn même s’est senti obligé de présenter des excuses, en ligne, forcément.

Même si les mouvements semblent « spontanés », presque des happenings qui surgissent brusquement, ils s’appuient néanmoins sur des formes de solidarité qui échappent à l’État-Parti, lequel se défie de toute organisation alternative : les ouvriers sont collègues, ils partagent des chambrées à douze, et se regroupent souvent en fonction de leur localité d’origine. Le maillage est certes lâche, pas bien coordonné, et sans leaders apparents, mais ces petites solidarités se superposent et peuvent très vite se consolider quand les ouvriers sont confrontés à des injustices patentes et qu’ils font l’expérience commune de la lutte.

Par ailleurs, je ne crois pas qu’il y ait un degré plus élevé de maturité de la classe ouvrière – peut-on d’ailleurs vraiment parler de conscience de classe ? – car j’avais pu constater il y a plus de dix ans que les travailleurs connaissaient déjà très bien leurs droits : certains n’hésitaient pas à recourir ainsi au système des pétitions adressées au gouvernement local, notamment lorsqu’ils ne percevaient pas leurs indemnités de licenciement – encore aujourd’hui un gros problème en Chine.

Ce à quoi nous assistons en ce moment, c’est un mouvement de rébellion contre la politique “zéro Covid” qui isole et circonscrit les populations.

Le changement majeur est lié à ces trois dernières années et à la politique « zéro Covid », laquelle, si elle a certainement permis de sauver des vies au départ, a depuis largement contribué à dégrader les conditions de vie de la population et les conditions de travail en particulier.

D’un côté, les ouvriers ne sont pas tenus bien informés quant aux risques de la pandémie, et sont confinés dans leur petit dortoir, avec pour seul passe-temps l’usage de leur téléphone portable. Le climat est particulièrement malsain, psychologiquement et physiquement. De l’autre, Foxconn s’avère incapable d’assurer la sécurité sanitaire sur les lieux de travail et Apple est obsédé par les délais de livraison des iPhone à l’approche de Noël et du Nouvel An. Les autorités locales, censées pourtant garantir les droits fondamentaux des travailleurs, sont prises entre une collusion avec les entreprises et des exigences venues de plus haut dans l’administration qui les rendent responsables de toute nouvelle flambée de la pandémie.

Peut-on voir d’autres usines dans d’autres provinces se soulever ?

Il n’y a pas vraiment d’autres sites en Chine qui emploient jusqu’à 300 000 travailleurs au moment des pics de production. Foxconn à Zhengzhou, c’est une ville dans la ville. Néanmoins, le mécontentement dans d’autres villes et sites industriels s’était déjà fait entendre, s’agissant notamment des méthodes de production en « circuit fermé », véritable atteinte à la liberté de circulation.

Lors de la vague pandémique à Shanghai, surtout en avril et mai, plusieurs entreprises avaient eu recours à ce mode de gestion quasi carcéral, et les mécontentements s’étaient fortement exprimés – chez Quanta, un autre fournisseur d’Apple, 3M, Tesla et bien d’autres. Certains dormaient à même le sol de l’usine ! On avait alors assisté à une déshumanisation complète des conditions de travail. Toutes les mesures de lutte contre le Covid en entreprise sont inspirées par la nécessité de maintenir la production, alors même que les « bulles » censées isoler les lieux de travail du reste du monde finissent toujours par devenir poreuses.

Ce à quoi nous assistons en ce moment, c’est un mouvement de rébellion contre la politique « zéro Covid » qui isole et circonscrit les populations : les travailleurs à l’usine, les étudiants sur les campus et on peut même dire que les citoyens en général sont prisonniers de leur propre maison. Le mécontentement est général, et je ne vois pas pourquoi ni comment cet « embrasement » s’arrêterait si l’on ne fait pas plus confiance à la responsabilité citoyenne et même aux gouvernements locaux, lesquels n’ont en réalité plus aucune marge de manœuvre.

Pour revenir sur les événements de Zhengzhou, quelles sont les responsabilités ?

Tout semblait rentrer dans l’ordre après la fuite de milliers d’ouvriers à la suite de premiers cas de Covid en octobre. Certains nouveaux arrivants avaient commencé à travailler tandis que d’autres attendaient d’être confirmés négatifs au Covid dans les dortoirs.

Quand de violents affrontements entre les travailleurs, la direction et la police ont éclaté les 22 et 23 novembre, tout le monde a donc été surpris. Très rapidement, cependant, on s’est rendu compte via les médias sociaux que les nouveaux travailleurs avaient beaucoup à redire sur la nourriture et les conditions de vie dans les dortoirs, notamment parce que les risques d’infection entre ouvriers déjà sur place et nouveaux arrivants demeuraient importants.

Lorsque Foxconn a demandé aux nouveaux travailleurs de signer un contrat qui ne correspondait pas aux termes et conditions convenus, la frustration s’est vite muée en colère. Ils ont eu le sentiment d’avoir été trompés, particulièrement les temporaires qui se voyaient mis au pied du mur pour signer un contrat courant jusqu’à mi-mars au lieu de mi-février et devant attendre fin mai pour obtenir le deuxième paiement de 3 000 yuans (plus de 400 euros) de leur prime de respect de planning.

Face aux mécontentements, Foxconn a immédiatement fait appel à la police antiémeute, et les travailleurs récalcitrants ont été brutalement battus, certaines images sur le Net montrant des visages couverts de sang. La police, tantôt en équipement noir antiémeute avec bouclier et matraque, tantôt en combinaison Hazmat blanche, a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule en colère, ce à quoi les travailleurs ont riposté en cassant les caméras de vidéosurveillance et les cabines de tests anti-Covid, en jetant toutes sortes de projectiles, en mettant le feu aux poubelles, et en retournant même une voiture de police. Puis les employés se sont mis à défiler depuis les dortoirs jusqu’à l’usine pour demander des compensations.

Pour moi, les images montrent clairement qu’il y a eu provocation policière et que les travailleurs étaient sur la défensive, exaspérés par les mensonges de la direction de Foxconn qui n’a rien trouvé d’autre à dire que « le malentendu » sur les contrats était le produit d’une « erreur de saisie informatique ». Mais le mal était fait, d’où la proposition de Foxconn, le 23 novembre, d’offrir une indemnité de 10 000 yuans à ceux désirant quitter le site – 8 000 pour leur temps de travail et 2 000 pour rentrer chez eux.

Foxconn est particulièrement coutumier de promesses de salaires élevés, qui ne sont finalement pas tenues. La grande différence entre les départs d’octobre et ceux de novembre, c’est que les ouvriers fraîchement recrutés ont décidé de prendre les choses en main et de ne pas repartir les mains vides, défiant la direction de l’usine, ses abus et la réponse purement répressive en cheville avec les autorités locales. »

https://www.mediapart.fr/journal/international/291122/chine-je-ne-vois-pas-comment-cet-embrasement-s-arreterait

« les troubles sont loin de ceux observés en 1989, lorsque les manifestations ont culminé avec la répression sanglante de la place Tiananmen. »


image.png

Affrontements à Shanghai

« Urumqi (Xinjiang), Shanghaï, Pékin, Nankin (Jiangsu), Canton (Guangdong), Zhengzhou (Henan), Wuhan (Hubei), Chengdu (Sichuan), Changsha (Hunan), Chongqing… Depuis vendredi 25 novembre, des dizaines de milliers de personnes participent à des manifestations collectives en Chine, malgré les risques encourus. Les grèves et les protestations sont moins rares dans ce pays qu’on a tendance à le croire en Occident. Néanmoins, un tel mouvement d’ampleur nationale est inédit depuis juin 1989. »

https://www.lemonde.fr/international/article/2022/11/28/en-chine-le-silence-du-pouvoir-face-aux-manifestations-de-plus-en-plus-politiques-contre-la-strategie-zero-covid_6151930_3210.html

« Des centaines de manifestants et de policiers se sont affrontés à Shanghai alors que les protestations contre les restrictions strictes de Covid en Chine ont éclaté pour un troisième jour et se sont étendues à plusieurs villes, dans le plus grand test pour le président Xi Jinping depuis qu’il a obtenu un troisième mandat historique au pouvoir….

Parmi les autres villes qui ont connu une dissidence publique, citons Lanzhou dans le nord-ouest, où les habitants ont renversé samedi les tentes du personnel de Covid et détruit les cabines de test…

Pourtant, a-t-il dit, les troubles sont loin de ceux observés en 1989, lorsque les manifestations ont culminé avec la répression sanglante de la place Tiananmen. »

https://www.theguardian.com/world/2022/nov/28/clashes-in-shanghai-as-protests-over-zero-covid-policy-grip-china

« Des manifestations de masse se sont propagées à Pékin, Guangzhou, Nanjing, Chengdu, Hunan du jour au lendemain – des plaques tournantes majeures en Chine. Beaucoup de choses se passent trop rapidement pour être traitées et je ne veux pas surestimer mais je ne suis pas sûr d’avoir vu ce niveau de mobilisation en Chine de mon vivant »

Le 26 novembre 2022

« Les manifestations sont restées sporadiques et non organisées … Si elles semblent faire boule de neige, c’est davantage parce que des gens partout sont touchés », a déclaré le professeur Victoria Tin-bor Hui, politologue à l’Université Notre Dame dans l’Indiana. « [Mais] les mesures de Covid ont également considérablement augmenté la capacité de surveillance du parti. Les tensions vont s’intensifier, mais nous ne pouvons pas prédire quand l’explosion se produira. »

https://www.theguardian.com/world/2022/nov/27/anger-mounts-as-chinas-zero-covid-policy-fails-to-curb-record-rise-in-cases

« Tout est sur le point de commencer. »

« Dans un acte inhabituellement audacieux montrant le désespoir des gens, une foule à Shanghai a appelé à la destitution du parti communiste et de Xi Jinping lors d’une confrontation avec la police samedi, selon des vidéos diffusées sur Twitter…image.png

Selon des photos et des vidéos sur Sina Weibo qui ont ensuite été supprimées, à l’Université de communication de Chine à Nanjing, dans l’est de la Chine, deux étudiants ont brandi samedi des feuilles de papier blanches sur une place du campus. La nuit, ils ont été rejoints par des foules d’étudiants qui ont allumé leurs téléphones portables et chanté l’hymne national avec ses paroles « Lève-toi, ceux qui refusent d’être esclaves »…

Des séquences vidéo qui auraient été filmées à Pékin montraient des gens chantant l’Internationale et scandant « La liberté ou la mort! » à l’extérieur d’un complexe d’habitation pendant la nuit. L’emplacement n’a pas pu être confirmé.

Une vidéo, prétendument filmée à Guangzhou, montrait des foules abattant des barrières de verrouillage dans un complexe de logements, tandis qu’une autre – prétendument filmée à Tongzhou près de Pékin – montrait également des foules écrasant des barrières de verrouillage tout en scandant «Non aux tests PCR». Leurs emplacements n’ont pas pu être vérifiés de manière indépendante.

China Digital Times, un site d’information basé aux États-Unis, a rapporté que des manifestations avaient également eu lieu à l’Académie des beaux-arts de Xi’an dans le nord-ouest et à l’Université des langues étrangères du Sichuan dans le sud-ouest. »

https://www.theguardian.com/world/2022/nov/27/anti-lockdown-protests-spread-across-china-amid-growing-anger-at-zero-covid-strategy

« La nuit dernière (( 26 novembre), des troupes ont été envoyées dans le district de Haizhu à Guangzhou pour tenir les habitants de Haizhu à distance. »

Pour plus d’infos et vidéos : https://twitter.com/247ChinaNews

« Pas de tests d’acides nucléiques, nous voulons de la nourriture à manger ;

Pas d’enfermement, nous voulons la liberté ;

Pas de mensonges, nous voulons de la dignité ;

Pas de révolution culturelle, nous voulons des réformes ;

Pas de dirigeants [dictatoriaux], nous voulons des élections ;

Pas d’esclaves, nous voulons être des citoyens »

Foxconn augmente encore ses bonus pour retenir les salariés de l’usine de Zhengzhou

« Foxconn semble ne plus trop savoir quoi faire pour empêcher les salariés de l’usine de Zhengzhou de débrayer de leur poste. Malgré le départ volontaire de 20 000 ouvriers (dont de très nombreux émeutiers et manifestants) qui ont quitté le site avec un solde de tout compte équivalent à 1400 dollars, la colère gronde toujours parmi les employés de l’usine, ces derniers ne supportant plus les mesures de confinement (lockdown) ultra restrictives.

Le plus gros fabricant d’iPhone vient donc de sortir une nouvelle « solution » de son chapeau, soit un énorme bonus de 1800 dollars pour les employés à temps plein qui ont été embauchés au début du mois de novembre. Foxconn semble craindre un effet boule de neige des revendications sur les derniers « renforts » d’employés. La démobilisation de ces masses salariales fraîches pourrait pénaliser une production d’iPhone déjà amputée de 30% de sa capacité. A noter que les « anciens » employés de l’usine bénéficient déjà de plusieurs primes…dont la portée avait été nettement diminuée par des soucis de paiement.

Malgré l’accumulation inédite de problèmes durant la période commercialement la plus prometteuse de l’année, le site de Zhengzhou continue tant bien que mal à fabriquer des iPhone. Reste à savoir combien d’ouvriers travaillent encore sur le site, et combien d’iPhone sortent des chaines de production pour satisfaire la demande… »

https://iphoneaddict.fr/post/news-353996-foxconn-augmente-bonus-retenir-salaries-lusine-zhengzhou

« En Chine, les blocages sont actuellement en augmentation, et non en diminution »

« Les politiques covid de la Chine bouleversent à nouveau la fabrication de voitures »

Traduit avec DeepL.

« La production de plusieurs constructeurs automobiles a été perturbée, soit parce que le personnel ne peut se rendre sur son lieu de travail, soit en raison d’une pénurie de composants.

Honda Motor, par exemple, a suspendu lundi les activités de trois usines automobiles à Wuhan, car les employés n’ont pas pu se rendre au travail en raison des fermetures de la ville.

Une usine de Chongqing, qui fabrique des moteurs à usage général, sera en grande partie fermée jusqu’au 2 décembre, a indiqué Honda, tandis que la production d’une autre usine automobile à Guangzhou est en cours d’ajustement.

Honda a déclaré.

« Tout en surveillant de près la situation, nous nous efforcerons de minimiser l’impact ».

La production de l’usine de Volkswagen à Chengdu – qu’elle exploite avec son partenaire local FAW Group – est arrêtée depuis une semaine en raison de l’augmentation des cas de coronavirus.

Deux des cinq lignes de production d’une autre usine, à Changchun, sont également à l’arrêt – en raison d’un manque de pièces disponibles.

Un porte-parole de VW a expliqué que les autres usines sont stables mais que la situation est volatile, car les fermetures et les restrictions continuent de freiner la croissance.

BMW craint également de nouveaux blocages liés à Covid en Chine l’année prochaine, ce qui perturberait la demande pour ses modèles entièrement électriques et les attentes de stabilité des ventes mondiales.

« En Chine, les blocages sont actuellement en augmentation, et non en diminution », a déclaré le directeur général Oliver Zipse aux journalistes lors d’un événement à la fin de la semaine dernière :

« Je m’inquiète de la manière dont nous sortirons de cette situation de blocage au cours des prochains trimestres. Il n’y a aucune visibilité sur le fait que la Chine a une solution. »

D’autres constructeurs automobiles ont fait des pieds et des mains pour ajuster leur production, bien que d’autres disent qu’ils n’ont pas encore été touchés, comme le rapporte Bloomberg :

Le fabricant de motos Yamaha Motor Co suspend partiellement la production dans son usine de motos de Chongqing, où 8 721 nouveaux cas de Covid ont été signalés le 28 novembre.

D’autres constructeurs automobiles japonais, dont Nissan Motor Co., Mazda Motor Corp. et Mitsubishi Motors Corp. ont déclaré à Bloomberg que leurs activités en Chine n’avaient pas encore été affectées.

Toyota Motor Corp, le premier constructeur automobile mondial, ajuste la production dans certaines de ses usines chinoises en raison de multiples facteurs, a déclaré la porte-parole Shino Yamada, qui n’a pas voulu donner plus de détails. »

https://beamstart.com/news/chinas-covid-policies-upends-car-16696965343273

*******************************************************************************************

 IRAN

« Que ce soit avec ou sans hijab, en route vers la révolution »

« Des femmes vêtues de noir dans la province iranienne du Sistan-Baloutchistan ont rejoint vendredi les manifestations nationales déclenchées par la mort de Mahsa Amini, dans ce qu’un groupe de défense des droits a qualifié de geste rare dans la région résolument conservatrice. »

https://www.theguardian.com/world/2022/dec/02/women-in-conservative-region-of-iran-join-mahsa-amini-protests

Atmosphère, vous avez dit atmosphère

« Ces jours-ci, on se croirait plus à Istanbul que dans le Téhéran des dernières années. Dans les rues, on croise de plus en plus de femmes les cheveux découverts, et de moins en moins de femmes voilées», raconte Nasrin, qui estime qu’elles sont désormais « environ sept femmes sur dix à sortir sans foulard »

https://www.liberation.fr/international/moyen-orient/revolte-en-iran-les-rues-de-teheran-se-devoilent-20221202_XGQPVWVLNVFEJBHOXK7SH5GQRU/

« informations MISES A JOUR QUOTIDIENNEMENT OU PRESQUE et transmises directement par des camarades de l’intérieur de l’Iran via d’autres, réfugié.e.s en France »

Nouvelles du 23 au 28 Novembre 2022

Le bruit de fond des manifestations et protestations dans toutes les grandes villes de l’Iran continue.

Suite à la publication de l’appel à la grève par l’union des camionneurs et les conducteurs de camions, les travailleurs de plusieurs usines industrielles et automobiles ont aussi cessé de travailler et se sont mis en grève. Cet appel invite à un arrêt de travail de 10 jours.

La grève des camionneurs qui était relancée samedi 26 novembre s’est poursuivie dimanche et elle est bien partie pour être quasiment généralisée. On voyait de temps en temps des conducteurs de camion et des chauffeurs disant qu’ils étaient en grève et qui appelaient  leur collègues à faire de même, mais c’était en général sans succès et restait assez limitée. La grève de cette semaine semble pourtant réellement  avoir pris. Elle est suivie sur plusieurs axes routiers importants.

Dimanche matin à 7h30 un conducteur de camion a pris une vidéo montrant la route qu’il est en train de parcourir à toute vitesse vers le nord du pays. Cette route qui normalement est bondée de camions et de véhicules était entièrement vide et déserté ;  il disait que ça fait plus d’une heure qu’il est en train de conduire, ni devant ni derrière lui il n’y a ni voiture ni camion et il s’inquiétait réellement de ce qui allait lui arriver car il n’avait pas suivi le mot d’ordre de la grève.

Un autre conducteur disait que l’État leur avait envoyé un message précisant que dans les ports les marchandises sont arrivées et il faut qu’ils aillent les chercher; ils avaient reçu également des bons de réduction pour du gasoil supplémentaire. Il répondait en direct que « vous n’avez qu’à envoyer vos footballeurs et vos parlementaires chercher ces marchandises, nous, on n’y va pas!

D’un autre côté le domino des grèves ouvrières qui avaient commencé au cours du dernier mois dans l’industrie pétrolière ont atteint l’industrie sidérurgique et d’autres secteurs notamment l’industrie automobile…

Voici quelques exemples des mouvements et grèves dans les usines en Iran durant la semaine dernière. Il semblerait que ces grèves soient beaucoup plus importantes que ce qu’en général apparaissent dans les médias. N’oublions pas que le régime fait tout pour empêcher ces grèves (menaces, arrestations, chantages…) ou à la rigueur d’empêcher les nouvelles et des informations les concernant de sortir dans les médias. Commençons par une grève des ouvrières :

-le mardi 24 novembre, les travailleurs de la « Cruz Auto Parts Company », premier producteur des pièces et fournitures pour l’industrie automobile, (créée en 1983) avec plus de 12000 ouvriers, dont  70% de femmes, se sont à nouveau mis en grève et ont défilé dans les locaux de l’usine pour protester contre l’indifférence de l’employeur à leurs revendications. Déjà une première fois, le 19 Novembre 2022, ils étaient mis en grève pendant trois jours réclamant une augmentation de salaire, l’arrêt immédiat des retards de paiement des salaires et la modification [et le respect] des tours dans l’attribution des heures supplémentaires.

Les conditions de travail des ces ouvrières sont extrêmement difficiles, comparable à de l’esclavage moderne : 10 heures de travail debout par jour et l’interdiction d’utiliser le téléphone pendant ce temps; L’employeur n’embauche que des femmes célibataires et celles qui se marient sont passibles de licenciement.

Dans le texte qui annonce ce mouvement on peut lire: « Sous le règne du régime islamique, non seulement les femmes n’ont aucune visibilité et existence politique, leur existence sociale a été réduite à une machine de reproduction sociale … au nom de l’honneur du père, du frère et des partenaires; ces conditions font également d’elles une force de travail bon marché et obéissante renforçant les rangs des ouvriers précaires. »

Ce n’est pas pour rien que leur voix retentit, la plus forte dans les cortèges et les protestations.

Le même jour, les grèves ont commencé dans l’usine « Bahman motors » de Ghazvin, un constructeur de véhicules lourds, mais aussi sous-traitant et constructeur de pièces d’automobile pour « Iran-Khodrow » (principal producteur d’automobiles en Iran). Ce groupe industriel a été créé  en 1952 sous le nom de « Khalij Co. » en construisant des petits véhicules à trois roues. En 1971 suite à un accord avec Mazda, le constructeur japonais, change de nom pour s’appeler « Mazda Iran ». En 1993, la société entre en bourse fondée en 1968 sous le Shah. (Il est à noter que dans l’intervalle 1979-1989 la bourse de Téhéran était restée inactive par la domination quasi exclusive du secteur public et le manque de demande de capitaux. C’est seulement en 1989 et les privatisations d’entreprises nationales qu’on assiste à une revitalisation de la bourse.)

En 1999, le Holding du groupe Bahman est créé en continuant de travailler avec Mazda et avec Mitsubishi depuis 2005 en mettant en place une chaîne de montage; ils produisent aujourd’hui des minibus, des camionnettes, des vans, des ambulances… Depuis 2009, ils sont aussi présents dans l’industrie pétrolière, du gaz et de la pétrochimie (production de goudron). Le principal actionnaire et propriétaire de cette société holding  est depuis 2016 le groupé « Cruise ». L’entreprise compte plus de 4000 ouvriers.

Depuis le 22 novembre les ouvriers de l’unité de Ghazvin sont en grève pour des revendications touchant les conditions de travail, la classification des emplois, l’augmentation  et l’unification des salaires dans tout le groupe et dans toutes les unités de production, contre l’obligation d’effectuer des heures supplémentaires et de travailler les jours de congés hebdomadaires, la prise en compte de la pénibilité du travail.

Selon les ouvriers, avant l’arrivée du nouveau propriétaire en 2016, la pénibilité du travail était prise en compte pour les ouvriers et leur permettait de partir à la retraite avec 20 ans d’expérience professionnelle. Mais ces dernières années, la pénibilité a été retirée des dispositions légales et les travailleurs doivent travailler pendant 30 ans pour prendre leur retraite. Alors que leur travail est légalement considéré comme l’un des emplois difficiles et comportant des risques pour la santé.

Le principal slogan entendu est « Nous exigeons nos droits, nous ne voulons plus de promesses! »

Apparemment dans un premier temps la direction a fait un geste en leur versant un petit pécule, suite auquel on pouvait entendre parmi les slogans: « Nous ne voulons pas de chantage. Nous exigeons nos droits! »

– Les travailleurs des entreprises industrielles de  siderurgie d’Ispahan (Zob-Ahn_Esfahan), Sarma-Afrin_Alvand (réfrigération d’Alvand), Constructeur d’auto Moratab (Khodrosazi_Mortab), Constructeur d’auto Seif (Seif Khodro), les appareils ménagers Pars à Ghazvin (Lovazm_Khangi_Pars_Ghazvin) se sont mis en grève dans la continuité de la grève des commerçants et ouvriers de différentes provinces à partir du novembre.

un mot sur chacune de ces grèves :

-A l’usine de sidérurgie d’Ispahan, les employés ont entamé leur grève aujourd’hui en arrêtant le travail. Zob Ahan est une société mère de quatre mille employés, qui travaille dans la production d’acier de construction et de rails. A un moment les forces de l’ordre ont fermé la porte d’entrée de l’usine la nuit pour empêcher les ouvriers d’entrer sur le site. Mais ils ont pu finalement entrer et par la suite, se sont les ouvriers qui ont condamné les portes pour ne pas laisser entrer les agents du régime.

-Grève à l’entreprise Sarma Afarin (réfrigération et climatisation): Les travailleurs de la ville industrielle de Sarma Afarin à Alborz ont également rejoint la grève nationale ce 26 novembre dans la ville industrielle d’Alvand. Les travailleurs de cette entreprise ont scandé le slogan « Criez travailleurs, criez pour vos droits » pour protester contre le bas niveau des salaires et se sont rassemblés dans les locaux de l’usine. Sarma Afarin est une entreprise du secteur de la climatisation qui a démarré son activité il y a un demi-siècle.

-Grève au complexe sidérurgique de Bafaq: Les soudeurs du complexe sidérurgique de Bafaq (Folad Abuyi) se sont également mis en grève pour protester contre le non-respect des mesures de sécurité. L’élément déclencheur était une explosion au sein du complexe qui a entraîné la mort de deux de leurs collègues: la veille, le vendredi 25 novembre, une fuite de gaz et l’explosion d’une capsule dans le projet de fer spongieux de cette entreprise avait causé la mort de deux ouvriers et des blessures graves sur un autre ouvrier.

-Grève à l’usine Seif Khodro: Les ouvriers de l’usine Saif Khodro se sont mis en grève le samedi 25 nov. « Saif Khodro Company » est l’une des sociétés satellites de « Frico Holding ». Cette société est également propriétaire de l’entreprise industrielle de production Moratab, qui s’est jointe à la grève depuis la semaine dernière.

-Les ouvriers de l’entreprise industrielle Moratab se sont mis en grève pour protester contre le non-paiement des salaires depuis 9 mois et ont organisé un rassemblement devant l’entreprise. Selon le rapport de sources « Iranwire », les travailleurs de « Moratab Automobile Company » ont cessé de travailler et se sont rassemblés devant l’entrée de l’entreprise depuis le 19 novembre, pour protester contre leur « paiement des salaires et traitements » qui a été retardé pendant des mois.

Moratab Automobile Company a opéré sous le nom de marque « Land Rover Factories » jusqu’à la révolution de 1979. « Ahrar Institute » est le principal actionnaire de la société depuis 1996 avec 61,1% des actions. En 2001, cette société a signé un contrat avec la société sud-coréenne Sangyong pour produire la voiture « Muso ». En 2016, les parts de Moratab Group ont été rachetées par Seif Khodro, après deux ans de fermeture.

-En 1985, la Société Nirou Moharekeh (force motrice) a été créée avec l’investissement de l’Iran Industries Development and Modernization Organization, sous le nom de Nirou Moharekeh et la Compagnie de construction de motocycles de l’Iran, dans le but de produire des moteurs de moto à essence et à engrenages. Actuellement, l’activité principale de l’entreprise est la conception, l’assemblage et la production de boîtes de vitesses de la famille Peugeot et de pièces de huit autres types de boîtes de vitesses, qui sont principalement utilisées dans les produits Iran Khodro. Depuis  jeudi 24 novembre, les travailleurs de la société, située dans la ville industrielle d’Alborz à Ghazvin, se sont mis en grève et se sont rassemblés pour protester contre le manque de traitement de leurs problèmes. Il s’agit de la septième grève liée aux constructeurs automobiles.

-Aujourd’hui, 28 novembre, ça fait trois jours que la grève des camionneurs et des chauffeurs routiers a commencé. Les vidéos et prises de vue sur la grève que les camionneurs et chauffeurs ont diffusées sur les réseaux sociaux montrent que durant ces trois jours, la grève est suivie dans les villes de Ghazvin, région de Shahpur à Ispahan, sur l’axe routier Bouméhen vers Téhéran, Kermanshah et Bandar Abbas, Kashan,  vers la frontière Bashmaq de Marivan, Marand et environs, Shiraz et la mine d’or Mouté d’Ispahan.

Dans le passé, chaque fois qu’il y avait un murmure de grève parmi les conducteurs, le gouvernement précédent tentait de diviser les grévistes en promettant un supplément de carburant. Maintenant, dans un message « Texto » aux camionneurs et aux chauffeurs, il leur a promis du carburant supplémentaire, mais cela n’a pas pu arrêter la grève. Il convient de noter que le problème des camionneurs et des chauffeurs n’est pas seulement le manque de quota de carburant, mais d’autres problèmes tels que la commission de fret élevée perçue par les intermédiaires souvent « désignés » par le pouvoir, le problème dite de « la tonne au kilomètre » (il s’agit d’une réglementation complexe pour calculer les salaires perçus par les chauffeurs) et l’augmentation du prix des pièces de rechange et des pneus affectent également leurs conditions de vie.

-Parallèlement aux chauffeurs de camions, les chauffeurs des bus (transport Intercités) aussi ont entamé leur grève. Le 22 novembre dans le terminal Akbar-Abad de Téhéran des centaines de personnes ont marché dans la rue et manifesté avec ces slogans:

Puis ils sont revenus dans la grande halle du terminal et ont continué leur slogan qui s’amplifie dans cet espace: Soutien! soutien! Ô Conducteur digne, soutien soutien!

-A mort dictateur !

Après quelques heures l’unité spéciale des forces de l’ordre (yegane vijeh) est intervenue et a arrêté nombre de personnes. »

« A Ispahan , des militants rapportent que des camionneurs du quartier de Shapour ont lancé une grève. Des camionneurs de Bandar Abbas, dans le sud de l’Iran, ont été vus poursuivre leur grève pour une deuxième journée consécutive…

des camionneurs d’autres régions du pays ont rejoint les grèves. Dans la province d’Ispahan, les camionneurs de la mine d’or de Mooteh ont cessé de travailler et se sont mis en grève. À Marand, dans le nord-ouest de l’Iran, des camionneurs ont également rejoint les grèves. À Kashan, dans le centre de l’Iran, les habitants signalent que des routes autrement encombrées de camions sont vides depuis le matin. Dans la province de Téhéran, la route Téhéran-Bumehen était vide. Dans la province de Qazvin, les camionneurs ont refusé d’aller travailler. Et à Karaj, les camionneurs ont cessé de travailler et ont organisé des rassemblements de protestation…

Dans d’autres informations parues samedi, des informations indiquent qu’environ 4 000 travailleurs de la célèbre aciérie d’Ispahan ont débrayé et se sont mis en grève. Des grèves ont également été signalées par des travailleurs à Téhéran et à Alvand (province de Qazvin). »

 ****************************************************

 RUSSIE

« Plus d’un tiers des Russes admettent avoir essayé de réduire leur facture alimentaire – Sondage d’État »

« Dans un contexte de prix en forte hausse, d’inflation à 12,7% et de perturbation des chaînes d’approvisionnement en raison des sanctions occidentales, environ 35% des citoyens russes disent essayer de réduire le coût de leur épicerie hebdomadaire, selon un sondage publié lundi…

Selon l’agence nationale des statistiques, Rosstat, environ 43,2 % des Russes ont un revenu inférieur à 27 000 roubles (441 $) par mois, tandis qu’environ un quart de la population gagne moins de 19 000 roubles (309 $) par mois. »

https://www.themoscowtimes.com/2022/11/28/over-a-third-of-russians-admit-trying-to-reduce-food-bill-state-poll-a79522

Va y’avoir de la demande de part le monde !!

« La Russie va commencer la production de masse d’un nouveau drone dispersant les foules »

« L’Institut russe d’informatique Kartsev a annoncé qu’il commencerait la production d’un nouveau drone conçu pour disperser les foules l’année prochaine, a rapporté mardi l’agence de presse officielle TASS.

Le Shershen, ou frelon, est un drone hexacoptère qui fonctionne à peu près de la même manière qu’un drone quadricoptère plus typique, bien qu’il utilise à la fois des ultrasons et des infrasons pour disperser les foules, et qu’il soit conçu pour être utilisé dans un contexte de sécurité intérieure. 

Cette décision pourrait signaler une inquiétude croissante parmi l’élite du pays quant à l’éclatement de troubles civils alors que la frustration grandit face à l’isolement international de la Russie et aux sanctions occidentales punitives à propos de la guerre en Ukraine. »

https://www.themoscowtimes.com/2022/11/29/russia-to-begin-mass-production-of-new-crowd-dispersing-drone-a79540

*******************************************************************************************

FRANCE

« Y-a-t ‘il encore un cran à la ceinture ? »

Elle vide le contenu de son sac sur toute la longueur du tapis roulant de la caisse, réfléchit, trie ses achats, en fait quatre parties bien séparées, un petit tas de denrées alimentaires, un livre, un vêtement. Elle montre un billet de 20 euros à la caissière et lui parle. « Tiens » me dis-je, elle a bien compris la leçon du Maître : « Finie l’abondance ».

https://blogs.mediapart.fr/davetonio/blog/011222/y-t-il-encore-un-cran-la-ceinture

Nouvelle flambée des prix en vue dans les grandes surfaces en 2023

« Tsunami d’inflation »« risque d’explosion des prix alimentaires »« mur face à la hausse des coûts de l’énergie ». Les professionnels ne manquent pas de phrases-chocs pour décrire leur crainte d’une augmentation à deux chiffres des prix de vente dans les grandes surfaces en 2023. « Les demandes de revalorisation qui nous parviennent des fournisseurs sont à des niveaux extrêmement élevés : entre 15 % et 25 % sur de nombreux produits »

Des bonbons Haribo en hausse de 26 %, des plats traiteurs Marie en progression de 15 %, des poulets Le Gaulois ou Maître Coq à + 10 %, des jambons ou des pâtés de Bresse à + 7 %…

https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/12/01/nouvelle-flambee-des-prix-en-vue-dans-les-grandes-surfaces-en-2023_6152486_3234.html

 *********************************************************************************

« L’inflation galopante au Mexique dilue la hausse du salaire minimum pour l’année prochaine »

« les analystes avertissent que bien que cette augmentation soit favorable aux travailleurs formels ayant moins de revenus, la mesure aura un effet marginal en raison d’une escalade des prix à des niveaux de 8,14% – l’inflation la plus élevée jamais enregistrée au cours des 20 dernières années…

Manuel Fuentes, avocat du travail et professeur à l’Universidad Autónoma Metropolitana, indique que l’augmentation du salaire minimum ne se traduira pas par une augmentation générale des salaires sur le marché du travail mexicain, car la mesure n’est pas contraignante et de nombreuses entreprises tourneront le dos sur cette augmentation…

L’escalade des prix des denrées alimentaires a mis l’économie de nombreuses familles mexicaines à l’épreuve, avec une augmentation au cours de la première quinzaine de novembre de la nourriture et des boissons qui a dépassé 14 % en rythme annuel  »

*******************************************************************************************

UK

L’inflation des prix alimentaires au Royaume-Uni atteint un nouveau record de 12,4 %

« L’inflation des prix alimentaires au Royaume-Uni a atteint un nouveau sommet de 12,4 % en novembre, le prix des produits de base tels que les œufs, les produits laitiers et le café ayant grimpé en flèche.

Les aliments frais ont mené la hausse des prix – avec une inflation passant à 14,3% contre 13,3% en octobre – avec des hausses qui devraient se poursuivre l’année prochaine selon les dernières données de l’organisme commercial British Retail Consortium, qui représente la plupart des grands détaillants, et le marché cabinet de recherche NielsenIQ. »

https://www.theguardian.com/business/2022/nov/30/uk-food-price-inflation-hits-new-high-of-124****************************************

ALLEMAGNE

« L’IPC alimentaire allemand a bondi de 21 % en glissement annuel en novembre, l’inflation des prix alimentaires la plus élevée depuis le début de la statistique »

***********************************************************************************